Chaque année, le mouvement Luttes Solidarités Travail et ATD Quart Monde organisent un rassemblement le 17 octobre, « Journée internationale du refus de la misère ». En 2011, le lien a été fait entre ce thème et la « Journée mondiale de l’alimentation » du 16 octobre, lors d’une rencontre associative au Parlement Wallon.


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Sous la houlette d’Associations 21, et à l’invitation des mouvements ATD Quart Monde et Luttes Solidarités Travail, le secteur associatif wallon s’est rassemblé ce lundi 17 octobre 2011 au Parlement Wallon à Namur. Impressions sur le vif…

Rencontre Associative

La rencontre associative organisée en matinée commence par un état des lieux des échéances politiques en matière de développement durable aux différents niveaux de pouvoir: Région Wallonne, Belgique fédérale et communauté internationale (perspective de Rio+20 et évaluation des Objectifs du Millénaire).
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Ensuite, les participants (une cinquantaine de personnes représentant 17 associations différentes) se répartissent en ateliers pour croiser leurs points de vue et expériences sur les questions de pauvreté, d’alimentation et d’agriculture, au Nord comme au Sud de la planète.

Ainsi, dans la continuité d’une réflexion sur la conditionnalité des droits, les militants de LST et de ATD, venus nombreux pour l’occasion, rappellent une ambiguïté fondamentale déjà pointée par le collectif des associations partenaires du suivi du Rapport Général sur la Pauvreté, et dont sont victimes les plus pauvres: le droit qui devrait garantir la dignité et l’égalité pour tous génère souvent le contraire dans son application au quotidien. C’est ainsi que l’application du droit construit la misère et consolide l’accaparement et le partage scandaleusement injuste des richesses.

L’exemple de l’accaparement des terres montre que ce constat vaut aussi pour les politiques agricoles qui menacent la souveraineté alimentaire. Ce constat est donc partagé par les associations actives dans le domaine de la coopération au développement qui rappellent toutefois qu’il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain en dénigrant l’action publique mais au contraire revendiquer qu’elle garantisse l’équité, soit la répartition des richesses à la production de laquelle toutes et tous contribuent, de même qu’un vrai dialogue avec les plus pauvres, donc une participation de qualité.

Sur la question du prix des aliments, les représentants des paysans pointent l’importance de revenus équitables pour les agriculteurs. Du côté des consommateurs, on partage cette préoccupation, en pointant le problème des intermédiaires. Si l’on paie plus cher ce qu’on achète, est-ce que ça ira dans la poche des distributeurs, ou des producteurs? Si tant est que l’on puisse encore acheter quelque chose… Le côté piégeant de l’aide via des dons (ex. banques alimentaires) est également soulevé dans les différents ateliers. L’autonomie est la condition sine qua non de la dignité, d’où l’intérêt des potagers collectifs, à condition que les allocataires sociaux n’aient pas de problème à y contribuer… Ou qu’on n’en arrive pas au travail forcé dans les potagers!

Quant aux personnes travaillant dans le domaine de l’alimentation durable, elles expliquent que cette idée n’est pas figée mais peut être appréhendée en fonction des possibilités et besoins des personnes concernées: comment s’organiser pour s’alimenter de façon à la fois saine et économique, etc.

Tous les groupes émettent le souhait qu’une telle rencontre entre d’une part, les associations actives aux côtés de plus pauvres et d’autre part, celles qui revendiquent la souveraineté alimentaire, puisse être suivie d’autres occasions d’approfondir ensemble une réflexion critique transversale. Le dialogue social, entre associations, c’est important mais cela prend du temps : celui de se connaître, de se comprendre, d’appréhender les points de vues des uns et des autres, pour parvenir enfin à construire des revendications communes. C’est ainsi que, petit à petit, on sentira qu’on est partie prenante d’un même mouvement.

Au-delà de ces quelques échos forcément partiels, un compte-rendu détaillé des différents ateliers sera réalisé et communiqué aux participants.

Rappel des objectifs de la rencontre associative

 Rendre publique une réflexion transversale qui dénonce les mécanismes d’exploitation des humains et de l’environnement au seul profit de quelques-uns.

 Contribuer à imaginer, expérimenter et promouvoir des modes soutenables et équitables de production, de consommation, d’organisation et de décision qui mettent fin aussi à l’extrême pauvreté.

 Programme détaillé.

 Synthèse des avis exprimés dans les ateliers

Commémoration des victimes de la misère

L’après-midi, les militants des associations et les parlementaires présents se sont rassemblés devant la dalle commémorant les victimes de la misère pour une prise de parole partagée.

Luc Lefèbvre de LST, Brigitte Gloire d’Oxfam Solidarité et Gwenaëlle Martin de la FUGEA rendent compte des résultats des débats du matin. La durabilité, ce n’est certainement pas de poursuivre dans le même sens car nous ne voulons plus de la pauvreté pour nos enfants! En tout cas, les pauvres ne veulent plus qu’on parle à leur place et demandent à être écoutés pour être réellement pris en compte. D’où l’importance d’une rencontre entre personnes – dont certaines ont connu la misère – émanant de divers secteurs associatifs, pour réfléchir ensemble et bâtir une pensée commune.

De même dans le dialogue avec les politiques; certes, une concertation de qualité, cela prend du temps. Mais c’est important pour parvenir à des politiques qui permettent plus d’autonomie au lieu d’accentuer les dépendances.

En tout cas, les droits fondamentaux doivent être respectés et sécurisés pour tout le monde, ils ne doivent plus être conditionnés à des standards de vie forcément excluants parce que tout le monde ne rentre pas dans des catégories rigides. C’est particulièrement vrai pour les familles nombreuses qui ont des problèmes de logement.

Trois militants de LST nous livrent alors le témoignage interpellant d’une famille qui se bat au quotidien depuis plus de deux ans pour ne pas se retrouver à la rue… Une militante de l’asbl bruxelloise Le Pivot livre également à tous son expérience personnelle de la précarité.

Emily Hoyos, présidente du Parlement Wallon, répond à ces prises de parole au nom des parlementaires, pointant l’importance pour ceux-ci d’être confrontés régulièrement à de tels témoignages pour rester connectés aux réalités de celles et ceux qu’elles et ils représentent au niveau politique.

Concernant la demande des associations de pouvoir échanger plus avant avec les parlementaires, ceux-ci étant pour la plupart bloqués à Bruxelles pour une séance du Parlement de la Communauté Wallonie-Bruxelles, il a été convenu de prendre date pour une réunion ad hoc. Dont acte.

 Autres photos de l’événement
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Luc Lefèbvre (LST) et Emilly Hoyos (Parlement Wallon)Brigitte Gloire (Oxfam Solidarité) et Gwenaëlle Martin (FUGEA)

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Contexte

 Cette rencontre s’inscrivait dans le cadre de la semaine d’action « souveraineté alimentaire », une initiative de la délégation belge au Forum Nyeleni, en vue de fédérer divers événements prévus vers la mi-octobre en Belgique.

Infos sur le 17 octobre, journée internationale du refus de la misère:

 en Belgique

 au niveau mondial