En vue du discours du Ministre Magnette devant l’assemblée des Nations Unies, Associations 21 a attiré son attention sur les paragraphes 30 et 39 de la déclaration de Rio+20 :

30. Nous reconnaissons que beaucoup de gens, surtout les pauvres, dépendent directement des écosystèmes pour leurs moyens d’existence, leur économie, leur bien-être social et physique et leur héritage culturel. Pour cette raison, il est essentiel de créer des emplois décents et des revenus qui réduisent les disparités dans les standards de vie pour mieux rencontrer les besoins des populations et promouvoir des moyens d’existence et des modes de vie soutenables, et un usage durable des ressources naturelles et des écosystèmes.

39. Nous reconnaissons que la planète Terre et ses écosystèmes sont notre maison et que Mother Earth (Pachamama, mère Terre) est une expression commune dans de nombreux pays et régions, et nous notons que certains pays reconnaissent des droits de la nature dans le contexte de la promotion du développement durable. Nous sommes convaincus que pour atteindre un juste équilibre des besoins économiques, sociaux et environnementaux, pour aujourd’hui et pour les générations futures, il est nécessaire de promouvoir une harmonie avec la nature.

 1ère remarque: la phrase “il est essentiel de créer des emplois décents (….)” est la clé de tout, en effet. L’emploi reste le meilleur moyen de réduire les inégalités et de permettre aux pauvres d’améliorer leur niveau de vie. D’où l’enjeu pour les Etats du Nord comme du Sud de mettre en oeuvre des mécanismes de régulation en vue d’empêcher toute forme de dumping social et d’exploitation outrancière des humains comme de l’environnement.

 2ème remarque: il y a un lien important entre ces 2 paragraphes: en général, les Européens sont mal à l’aise avec une vision holistique de la nature. Ils préfèrent donc la présenter de manière utilitariste: l’environnement ce sont nos ressources. Le problème de la vision utilitariste, c’est qu’elle légitimise la financiarisation de la nature, déjà à l’oeuvre avec les mécanisme de compensation. Or en commercialisant toutes les ressources naturelles, on va déposséder les populations les plus pauvres de leurs moyens de subsistance. Ceci d’autant plus que, comme ces ressources s’épuisent, leur valeur augmente et avec elle leur prix, de sorte qu’elles ne seront plus accessibles qu’aux riches.

C’est pourquoi Associations 21 a suggéré au Ministre, concernant ce lien, de souligner l’intérêt, pour les Européens, du dialogue avec les pays qui mettent en avant cette vision holistique de la nature.

Nous insistons sur ces points d’autant plus que dans la partie concernant la Green economy, il est question de “resources efficiency” et des projets pour la mettre en oeuvre, mais nulle part de “sufficiency”. De la sorte on ne va pas empêcher la surexploitation ni permetre une redistribution plus équitable de l’usage de ces ressources.