Traduction française du résumé d’un article publié en anglais qui dénonce l’énorme déception causée par les programmes de culture de jatropha comme agrocarburant. Les auteurs en appellent à l’intervention de la FAO et préconisent des protocoles adéquats pour éviter à l’avenir d’autres “fausses bonnes idées” du même genre…


L’Article “The Extraordinary Collapse of Jatropha as a Global Biofuel” de Promode Kant, Directeur de l’Institute of Green Economy (IGREC), New Delhi et de Wu Shuirong, professeur associé de l’Académie Chinoise des Forêts à Pékin, vient d’être publié en ligne par le ACS Journal of Environmental Science & Technology.

Un programme ambitieux de biocarburants indiens initié en 2003 par la Commission Indienne de planification, envisageait un mélange obligatoire de 30 % d’agrocarburants dans le diesel d’ici 2020, et ce au moyen des cultures de jatropha prônées sur les terres en friche à travers toute l’Inde.

Ce programme a mobilisé des millions d’agriculteurs à bas revenus et de paysans sans terre, avec à la clé, la promesse de revenus importants. Il s’avère à présent que cette puissante Commission a peut-être trop misé sur l’opinion d’un de ses hauts fonctionnaires. En effet, celui-ci avait pronostiqué un taux de rendement interne allant de 19 à 28 %, même si les expériences antérieures conduisaient à de toutes autres conclusions.

L’enthousiasme des planificateurs nationaux pour cette plante a néanmoins gagné les organismes de recherche indiens et les universités qui dépendent financièrement de cette Commission de planification. Nombre de ces institutions se sont jointes comme partenaires pour la mobilisation et la promotion des plantations de jatropha.

La visibilité optimale du programme a attiré l’attention internationale, de sorte que la Chine s’y est mise aussi, tout comme un grand nombre de pays asiatiques et africains. En 2008, 900.000 hectares étaient déjà plantés ou en cours de plantation de par le monde et l’on prévoit 12,8 millions d’hectares d’ici 2015.

Mais l’on apprend à présent que ce programme a engendré de la détresse presque partout parmi les paysans impliqués. Voici donc un cas extrême de bonne intention venant d’en haut dans le cadre des programmes d’atténuation des changements climatiques entrepris sans recherche adéquate. Adopté de bonne foi par divers pays, le programme tourne mal.

Vu que les activités d’atténuation et d’adaptation vont s’intensifier en attirant de gros investissements, il y a toute raison de craindre que de telles défaillances se multiplient, faute de «diligence raisonnable» à l’échelle institutionnelle et de protocoles appropriés en vue d’éviter les conflits d’intérêts des organismes de recherche.

Dans l’immédiat, un organisme international comme la FAO pourrait intervenir pour mettre un terme à l’extention des cultures de Jatropha à de nouveaux territoires, sans recherche adéquate sur les rentrées escomptées.