Associations 21 invite les acteurs culturels à partager notre réflexion sur les rapports entre culture et développement durable. Sur ces questions ou d’autres qui mériteraient plus d’attention des responsables politiques ou de l’opinion publique, nous pouvons construire un plaidoyer commun.


La culture n’a pas encore fait l’objet d’un groupe de travail structuré d’Associations 21. Les rapports entre culture et développement durable offrent pourtant matière à débats, et bien des angles d’approche possibles.

Tout d’abord, on peut parler de la culture au sens large, comme le font par exemple les Créatifs culturels. On peut aussi parler des activités du secteur culturel et, dans ce secteur, questionner les contenus des productions culturelles comme leurs modalités.

Enfin, depuis quelques années, certains s’interrogent sur l’implication des acteurs culturels dans le développement durable, à la traîne par rapport aux acteurs sociaux, environnementaux et économiques parce que contrairement à ceux-ci, les acteurs culturels n’ont pas été associés dès le départ (au Sommet de la terre organisé par l’ONU à Rio en 1992) aux travaux sur le développement durable.

Cette préoccupation était déjà présente dans un article d’Antoinette Brouyaux paru dès 2006 sur le site d’Etopia, « Développement durable: associer les acteurs culturels » et qui a rebondi dans les pages de l’Echo du 21 décembre 2006 et du 11 janvier 2007.

Plus récemment, en novembre 2012, les ministères français et québecois de la culture organisaient conjointement un colloque international à Paris sur ce sujet. On trouve sur le site de cet événement de très nombreuses références plus récentes. Il est vrai que ces dernières années, des productions artistiques sur les thèmes DD ont fleuri ici et là (ex. la bande dessinée Saison brune à laquelle Inter-Environnement a rendu un vibrant hommage).

Dans le cadre des activités d’Associations 21, en mai 2012, nous avons assisté à un débat sur le slow art organisé par le Kunstenfestival des Arts dans la foulée de la journée internationale « Slow art » du 28 avril 2012. Cet échange a permis de nourrir les débats du Forum One people One planet à Louvain-la-Neuve, en août 2012.

Lors de cet événement, la méthodologie du forum ouvert a permis aux participants de proposer différents débats autour de la question « quels sont les changements culturels individuels et collectifs nécessaires pour changer nos rapports à la nature, l’économie et la société »?

Il s’agissait donc d’une part de parler des changements culturels au sens large, tel ce groupe qui a exploré les outils concrets pour assurer les changements culturels liés au développement durable.

D’autre part, nous avons aussi voulu associer des acteurs du secteur culturel à la réflexion générale, en partant d’expériences concrètes pour prendre acte des questions sociétales qui se posent à eux.
C’est ainsi que les instigateurs de petits lieux de diffusion se sont posés la question Small is beautifull ? Cet échange sur les petits lieux de diffusion a permis de pointer leur rôle important pour le développement local et la « biodiversité culturelle », de façon plutôt complémentaire que concurrente aux grands événements médiatisés.

Ensuite, l’arbitrage du niveau sonore des événements musicaux a fait l’objet d’un échange entre des citoyens préoccupés par la pollution sonore et des représentants de la scène rock expliquant les efforts entrepris par ce secteur pour réguler le niveau sonore.

Le même jour, un autre panel débattait de la question quel avenir pour une presse libre ? qui pointait également les difficultés des acteurs (cette fois du secteur média) souhaitant sortir des sentiers battus. Cette problématique des petites structures confrontées à la dominance des grosses, que l’on retrouve dans différents secteurs, a rebondi le lendemain lors d’une réflexion plus transversale.

On y rappela le travail mené par Miguel Benasayag, philosophe, psychanalyste et chercheur en épistémologie franco-argentin qui publiait, en 2002 un ouvrage co-écrit avec Florence Aubenas, Résister c’est créer, l’inverse étant vrai également.

Voilà qui nous ramène à l’engagement des acteurs culturels, confrontés tôt ou tard aux tentatives de récupération, d’instrumentalisation ou de contrôle par le pouvoir, comme le sont d’autres forces vives de la société civile qui mènent des combats citoyens ou associatifs pour la justice sociale ou le respect de l’environnement. Lire à ce sujet le compte-rendu de l’échange croisé organisé par Associations 21 le 29 mars 2011, le rapport entre associatif et politique.

Pris aujourd’hui dans la tourmente de la crise, le secteur culturel est à présent focalisé sur sa propre survie. C’est précisément dans ce contexte que les outils développés par les acteurs du développement durable pourraient lui être utiles : on pense aux critères de durabilité qui ont déjà été pris à bras le corps par un réseau de festivals en développement durable, soutenu en 2010-2011 par le Service Public Fédéral Développement Durable et coordonné du côté francophone par l’asbl Court Circuit.

Dans la foulée, bien des réflexions sociétales pourraient être poursuivies, permettant de fructueux échanges entre associations culturelles, sociales et environnementales : celle de l’accessibilité aux événements culturels pour les moins nantis (on pense ici au travail entrepris par les associations Article 27 et Arts et Publics), à la protection des usagers culturels (qui a déjà fait l’objet d’un « code de respects des usagers culturels » mis en oeuvre en Communauté Wallonie-Bruxelles en 2006), à la manière d’aborder des thématiques « DD » dans les productions artistiques (ex. les spectacles de théâtre action, le Land Art…)

Si des acteurs culturels souhaitent nous rejoindre pour construire un plaidoyer commun avec d’autres membres d’Associations 21 sur ces questions ou d’autres qui mériteraient plus d’attention des responsables politiques ou de l’opinion publique, nous les accueillerons à bras ouvert. Et, comme démontré dans ce panorama, nous ne partirons pas d’une feuille blanche !