On rencontre beaucoup de belles personnes à Paris, durant la COP21. Lors d’une réunion de Climate Strike, quelques activistes mondiaux ont pu présenter leur lutte et échanger leurs expériences. Ces témoignages sont complétés par d’autres rencontres en marge de la COP21.


isabellee-levy.jpg Isabelle Levy est une militante active dans le Collectif du pays Fertois « Non au pétrole de schiste ». Il est communément admis que l’extraction de gaz de schiste est interdite en France. La réalité est plus complexe car la loi ne définit pas précisément la fracture hydraulique. Dès lors, les industriels jouent sur les mots et achètent des permis en attendant que le vent tourne en leur faveur. D’autant que l’exploration, elle, n’est pas interdite. Ainsi, ils ont déjà les places ! 61 permis ont déjà été octroyés, seuls 3 ont été annulés. Les compagnies qui se voient refuser un permis n’hésitent pas à poursuivre l’État en justice pour réclamer des explications et, à défaut, de lourds dommages et intérêts. Tous les moyens de pression juridique sont bons.

Dès lors, dans le camp des militants, les collectifs s’organisent : depuis 2013, Isabelle plonge son nez dans les procédures, visite les cabinets ministériels, scrute les comptes et bilans des industriels… Rien ne lui échappe! Vous aurez l’occasion de la rencontrer lors d’un atelier de deux journées au Forum Citoyen pour le Climat le WE des 5 et 6 décembre à Montreuil. Une formation en accéléré !

carmencapriles.jpg En Bolivie aussi, la société civile est confrontée aux industries extractives : pour Carmen Capriles, qui a créé l’ONG Reaccion Climatica Bolivia, cette année a été critique : la Bolivie a ouvert ses portes au fracking (fracture hydraulique), à l’énergie nucléaire, autant de nouveaux risques et de nouveaux combats. La population indigène est menacée. Il faut plus que jamais agir sur différents fronts en même temps, la solidarité internationale est indispensable. On se sent plus vulnérables que jamais, après avoir déjà résisté à beaucoup de choses…

Reaccion Climatica Bolivia implique les jeunes Boliviens dans les solutions aux changements climatiques. Il est temps, en Bolivie comme en Belgique, d’intégrer pleinement l’environnement et le défi climatique dans les programmes scolaires ! Carmen Capriles a également écrit une thèse sur le rôle des femmes dans la gestion des ressources naturelles de la communauté El Tigre. On en reparlera !

willi_earthday2013.jpg Wili Nolan est également confrontée aux industriels des gaz de schiste, au Nouveau Brunswick, Canada. Les effets de ce mode d’extraction non conventionnel sont largement méconnus. Pourtant ses dégâts déjà causés sont énormes et difficilement défendables. C’est pourquoi il vaut la peine de mener des procédures en justice contre les compagnies responsables. Mais cela implique de combiner différentes disciplines : sciences médicales sur les effets sanitaires, économie, droit…
The Peoples Lawsuit est une sorte de Tribunal Permanent des Peuples dédié à cette cause.

soumya.jpg Soumya Dutta, lui, représente une coupole d’organisations indiennes, dont Indian people science camping et Beyond Copenhague. Il a été confronté aux projets de la compagnie Sasan, qui implante d’énormes centrales au charbon, provoquant destructions, déplacements et sacrifice de terres fertiles. Au sud-ouest de l’Inde, Tata Mundra implante d’autres centrales, provoquant d’autres dégâts considérables. Il constate que les combats isolés ont moins de chances. L’enjeu est de les rendre visibles. Les patrons de ces industries n’ont aucun égard pour les habitants des régions où ils veulent exploiter mais ils sont sensibles à la pression internationale. Il ne s’agit pas de « parler pour » mais d’apporter la voix des personnes concernées là où il est possible de la faire entendre. L’ONG américaine Sierra Club l’a aidé en ce sens. En Inde même, la classe moyenne est consciente du problème et du fait que ce type de développement profite surtout aux pays riches. Mais elles ne sont pas encore mobilisées pour protéger les droits des plus pauvres qui vont être victimes des dégâts de ces industries.

En Allemagne, le mouvement Ende Gelande s’en prend aux propriétaires des mines de charbon, l’énergie la plus polluante qui fait tache dans une Allemagne leader des énergies renouvelables. Des camps sont organisés pour rassembler de nombreux jeunes et bloquer des sites. Ainsi, en été 2015, &500 personnes ont entouré et investi un site à l’ouest. En mai 2016, l’action rebondira près de Berlin. N’hésitez pas à les rejoindre !

Comment agir ?

Les systèmes d’alerte rapide
En matière de lutte contre les pires pollueurs, il serait utile de créer ou de mieux faire connaître les systèmes d’alertes suscitant des réactions rapides, basés sur des réseaux affinitaires au plan mondial de sorte que des groupes actifs dans le même domaine (ex. l’énergie) se mobilisent promptement. Car sur les réseaux sociaux, il y a énormément d’informations, l’une écrase l’autre. On peut pour ce faire s’inspirer du fonctionnement d’Amnesty International.

L’action directe non violente : sur les traces de Gandhi et de Martin Luther King
Parce que les alternatives restent coincées dans des niches, que les saccages se poursuivent et que le temps nous est compté, divers groupes profitent de la COP21 pour organiser, à Paris ou ailleurs, des actions directes non violentes visant les responsables des crimes environnementaux. Ces actions impliquent parfois de la désobéissance civile, dans le respect des personnes et de l’environnement.

Ainsi, le collectif d’artistes Brandalism ouvre les panneaux publicitaires et y met des affiches détournant la publicité pour pointer les responsabilités des pires pollueurs et des gouvernements qui sont à leur botte. Les Climate Games fédèrent d’innombrables initiatives, à Paris ou ailleurs (par exemple à Bruxelles ou à Liège!), pour attirer l’attention de l’opinion publique. Action Non-Violente COP21 a organisé la réquisition de chaises prises dans les agences de BNP-Paribas qui est un acteur majeur de l’évasion fiscale en France. Une action directe est annoncée au siège central de la banque ce 3 décembre 2015