Pour que le nouveau pacte social soit véritablement un « pacte sociétal », intégrant plus largement les groupes représentatifs des différentes composantes de la société.


1 – Le pacte social de 1944

Le pacte social de 1944, appelé plus exactement projet d’accord de solidarité sociale, traduisait une conception du progrès selon laquelle la bonne marche des entreprises conjuguée à une relative redistribution des revenus constituait la meilleure garantie de la prospérité, une paix sociale et un frein aux avancées du communisme. La forme du compromis passa, en Belgique par la reconnaissance mutuelle, dans une logique de partenariat conflictuel, des organisations syndicales et patronales, les syndicats ayant accepté l’autorité légitime des chefs d’entreprise et par là même, les règles de fonctionnement de l’économie de marché et les employeurs le fait syndical, c’est à dire le principe de la négociation collective comme mode de décision dans les matières qui concernent les salaires, les conditions de travail et la redistribution des revenus. Le contexte de l’époque était la croissance infinie, les politiques étatiques de relance (Keynes) et le colonialisme.
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2 – 65 ans plus tard…

Alors que tous les constats avaient été posés dans les années 70 (Rapport Brundtland, Club de Rome…), c’est avec plus de trente années de retard que la nécessité se fait jour de mettre en œuvre des politiques intégrées et systémiques de développement durable, tenant compte des ressources économiques, environnementales et sociales, développant des solidarités dans l’espace (Nord/Sud) et dans le temps (les générations futures).

Il reste malgré tout un tabou : celui de l’idéologie de la croissance, alors même que tout indique (dégradation de l’éco-système Terre, épuisement des ressources, biodiversité et santé humaine en déclin…) qu’un autre modèle est nécessaire, basé sur la relocalisation (économique et politique) et l’équité. Les acteurs aussi ont changé ; au modèle trilatéral (État / Patronat / Syndicat) de 1944, s’est substitué un dialogue multilatéral, incluant les intérêts les plus divers. Si hier, le pacte social de 1944 se devait d’accompagner la relance de l’Europe sinistrée (en évitant si possible le modèle soviétique), le défi actuel est d’assurer la transition économique en se dotant d’une économie à faible intensité en carbone, efficace sur le plan énergétique et des ressources naturelles, alliant écologie et enjeux sociaux.

Cette idée de refonder le pacte social est actuellement en discussion dans les milieux politiques, syndicaux et associatifs. La demande de la société civile est claire : désormais, à côté des patrons et des syndicats, le pacte social devra associer cette mouvance civile du monde associatif, actif dans différents domaines, environnement, économie sociale, lutte contre la pauvreté, santé, citoyenneté, culture…