La Région veut mettre en place une transition vers un système alimentaire plus durable, en incitant à produire dans le respect de l’environnement une alimentation de qualité, de proximité, accessible à tous et en invitant à manger équilibré et sans gaspiller.

Historique

Sous l’ancienne législature, plusieurs rencontres sur les questions d’alimentation durable ou d’agriculture urbaine ont associé l’administration et de nombreuses associations et initiatives de la société civile actives dans ces domaines. La ville a ensuite inscrit son action à travers le programme européen URBACT permettant d’établir un état des lieux et d’analyser les freins et les leviers, de dégager une vision commune, de choisir une stratégie de communication, de hiérarchiser et d’opérationnaliser les actions prévues, de prolonger le processus participatif et de rédiger une stratégie qui sera celle de Good Food (GF).

Good Food et développement durable

logo-goodfood-fr_vertical.pngCette stratégie fait explicitement référence à trois des objectifs de développement durable :

  • Eliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable (ODD2)
  • Faire en sorte que les villes et les établissements humains soient ouverts à tous, sûrs, résilients et durables (ODD 11)
  • Etablir des modes de consommation et de production durables (ODD 12)

Elle s’appuie sur la définition du système alimentaire durable utilisée par le Conseil Fédéral du Développement durable :
« Un système alimentaire durable garantit le droit à l’alimentation, respecte le principe de la souveraineté alimentaire, permet à tous, partout dans le monde, de disposer d’une alimentation saine et suffisante à un prix accessible et veille à ce que le prix final d’un produit reflète, non seulement l’ensemble des coûts de production, mais qu’il internalise aussi tous les coûts externes sociaux et environnementaux. Il utilise les matières premières et les ressources (en ce compris le travail et les ressources naturelles telles que les sols, l’eau et la biodiversité) à leur niveau de renouvellement et respecte les différentes facettes de la culture alimentaire. Tous les acteurs de la chaîne alimentaire et les autorités doivent contribuer à réaliser un tel système alimentaire durable ».

Les 7 axes de la stratégie

C’est une stratégie à 5 ans qui repose sur l’inclusion sociale et culturelle, qui invite les pouvoirs publics à l’exemplarité, qui cherche à construire des partenariats avec les communes, les cpas, les associations… qui vise au changement de comportement et à l’autonomisation des acteurs.
Elle se décline en 7 axes :

  • augmenter la production alimentaire locale et durable,
  • accompagner la relocalisation et la transition d’une offre durable pour tous,
  • accompagner la transition de la demande pour tous,
  • développer une culture alimentaire « Good Food » durable et désirable,
  • réduire le gaspillage alimentaire,
  • penser et favoriser les systèmes alimentaires de demain,
  • assurer la gouvernance de la mise en œuvre de la stratégie.

Production et autoproduction

maraichers_cailles_red.jpgL’agriculture urbaine bute bien évidemment sur des questions de disponibilités de terres agricoles, aujourd’hui 244 hectares sont répertoriés, certains nécessiteraient une inscription au PRAS mais les objectifs de Good Food prévoient le maintien des surfaces inscrites (228 ha) sans en rajouter. De plus la règlementation concernant les zones agricoles mérite d’être changée vu qu’elle ne permet pas la transformation sur site. GF se fixe un autre objectif ambitieux en matière de production : l’agriculture urbaine professionnelle en zone urbaine et périurbaine produira 30% des fruits et légumes non transformés consommés par les Bruxellois en 2035
L’agriculture urbaine, c’est aussi l’autoproduction : GF estime possible que 30% des ménages produiront d’ici 2020 une partie de leur alimentation. Si ceci peut contribuer à un changement de comportement, rien n’est précisé concernant les quantités produites. Pour atteindre l’objectif : information, formation, accompagnement, outils mis à disposition (comme les analyses de sol, les plateformes collaboratives de co-jardinage, les bourses aux semences), repérage des espaces cultivables, occupations précaires, adaptation des surfaces attribuées en fonction des capacités… font partie des prescriptions. GF espère doubler la surface en zone potagère des espaces verts régionaux gérés par BE pour atteindre 5 ha (sur 400 ha) et n’a guère plus d’ambition en ce qui concerne les sites potagers familiaux ou collectifs : il s’engage à minima au maintien des 88 ha existants.
grandcrubelge.jpgPour faciliter l’installation d’agriculteur en hors sol ou les pieds sur terre, mais aussi de transformateur, la Région bénéficie d’un financement FEDER afin de créer un pôle d’agriculture péri urbaine qui assurera le rôle d’une « pépinière » pour créateur d’entreprises. Ce nouveau projet « Boeren Bruxsel Paysans » sera mené par 6 partenaires bruxellois : Début des Haricots, Terre en Vue, Crédal, Maison Verte et Bleue, Commune d’Anderlecht,et Bruxelles Environnement.
Distribution et transformation
Accroître les volumes de produits de saison, biologiques, les rendre plus visibles, plus accessible et inciter à la diminution de la part en alimentation animale… tels sont les objectifs d’une transition vers une offre alimentaire plus durable. Elle doit s’appuyer sur le réseau des entreprises comme l’UCM, Atrium… et impliquer les cantines scolaires ou d’entreprise, la restauration, la distribution, les marchés et la transformation. Comme pour la production, les acteurs de la transformation et de la restauration pourront être accompagné et guidé pour obtenir des aides financières. L’UCM a créé un guichet « alimentation durable » qui permet d’être informé des réglementations de l’AFSCA -avec toutes les limites des règles inadaptées dans le cas de petites unités de production ou de transformation- Ce guichet a aussi pour but de rassurer les entrepreneurs, de les informer de l’évolution de la demande des consommateurs, de conseiller en diffusant les bonnes pratiques en économie d’énergie, gestion des déchets, de mettre en lien les professionnels pour faciliter la création de la chaine d’approvisionnement.
Les cantines seront prioritairement ciblées étant donnée l’importance des repas délivrées par ces dernières. Les objectifs quantitatifs restent cependant modestes comme celui d’atteindre en 2020 50 restaurants adoptant la charte GF. Les objectifs en matière de distribution vont plus loin et impliquent par exemple les épiceries sociales dont il est souhaité que 40% distribuent plus de la moitié des produits frais d’origine belge.

Consommation et information

Le deuxième grand volet de la stratégie GF porte sur la demande : c’est à travers la sensibilisation des ménages et des jeunes à consommer local et bio, à diminuer les achats de viande, à préférer les fruits et légumes frais, c’est à travers le soutien des associations comme celle qui donnent des cours de cuisine, c’est l’accompagnement des travailleurs sociaux, l’accompagnement dans les écoles ou la mise en place d’ambassadeurs…
rdc_formation.jpgDes objectifs sont là indiqués sans pour autant être mesurables. En effet comment savoir si « le concept GF donne envie de changer de comportement alimentaire » ? Par contre les moyens à mettre en œuvre ne manquent pas et beaucoup sont cités dans le document détaillant la stratégie. Un rapprochement avec les Communautés devrait aussi permettre de multiplier les actions en milieu scolaire.
L’action des associations est mis en avant comme celle de Rencontre des continents qui sensibilise, forme et motive à l’alimentation durable car les dérives de notre alimentation mettent en lumière les inégalités au sein de nos sociétés et entre les populations du Nord et du Sud. La preuve peut être faite par le contenu de notre assiette qui révèle la façon dont nos aliments sont produits.

Good Food étant un terme plus seyant que « alimentation bio » ou durable, c’est ce concept de communicants qui est choisi avec la mise en place du site déjà bien étoffé dès son lancement. Le site de GF veut être fédérateur, assurer la capitalisation et la dissémination des informations et des bonnes pratiques. Si l’idée est séduisante et la mise en œuvre indispensable, il y aura lieu de veiller à éviter que l’effet top-down n’étouffe les envies d’y participer ce qui nous renvoie à la gouvernance du projet

Lutte contre le gaspillage, innovation et gouvernance

main_fl.jpgRéduire le gaspillage alimentaire est le 5ème axe de la stratégie avec comme objectif la réduction de 30% des déchets alimentaires aujourd’hui évalués à 134.000 tonnes. Les actions prescrites visent les ménages, les cantines, les restaurants et la distribution et concernent aussi bien la prévention que les invendus ou la valorisation des déchets. La FdSS a créé la plateforme d’achat solifood permettant d’approvisionner le secteur de l’aide alimentaire et d’assurer la logistique à moindre coût et la plateforme bourse au don permettant aux invendus de rentrer dans le circuit de l’aide alimentaire. Début 2016, c’est 40 tonnes d’invendus par mois qui sont ainsi récupérées pour atteindre prochainement 100 t/semaine. C’est aussi révélateur d’un appauvrissement des ménages à Bruxelles.

Autre axe de la stratégie : l’innovation. Elle repose principalement sur un outil de coordination des experts en alimentation durable, le lancement d’appel à projet et la dynamique Co-create avec Innoviris. 6 projets Co -create ont été retenus avec des financements conséquents sur 3 ans permettant un rapprochement entre la population bruxelloise, le monde de la recherche et de l’innovation et le monde de l’entreprise.

Dernier élément de la stratégie, la gouvernance aura pour but de piloter l’ensemble du programme avec une structure de coordination et un conseil consultatif. Ce conseil consultatif qui démarre début mars, s’il est ouvert, ne compte pas pour l’instant en son sein des représentants du côté des producteurs. Le pilotage aura aussi pour but d’évaluer le processus et d’assurer la synergie entre les acteurs et les actions, en s’ouvrant en particulier aux Régions et aux Communautés.