A l’issue de la COP21, on repense à cette conclusion de Candide de Voltaire : « Cela est bien dit, mais il faut cultiver notre jardin ». Ce jardin, en Belgique francophone, sera paritaire ou ne sera pas. Les femmes sont là : il ne manque qu’une attention à changer la focale et à nous faire respecter pour ce qu’on fait déjà !

Mais où est le problème ?

Sabien Leemans, Brigitte Gloire, Antoinette Brouyaux et Véronique Rigot à Rio+20 en 2012
Les femmes sont très nombreuses dans le secteur du développement durable, et dans toutes les associations et organisations actives dans la transition vers une société sobre et solidaire. Elles y occupent en général des fonctions qualifiées, intéressantes, innovantes et créatrices de liens. Elles développent des actions et des initiatives où l’engagement et le sens du travail, les liens, la solidarité et le respect de l’environnement priment sur l’enrichissement ou la promotion sociale.

Mais malgré les valeurs que le secteur du développement durable met à l’avant, dans ce secteur, comme ailleurs, on retrouve :

  • le  « plafond de verre » : absence des femmes dans les espaces visibles, de prises de décisions et permettant une reconnaissance sociale ou économique, ex. interviews TV, séances plénières dans des colloques → Les hommes sont encore majoritaires sur les plateaux TV et autres lieux de valorisation publique, et dans les secteurs des énergies renouvelables et de l’isolement des bâtiments.
  • le « plancher qui colle » (répartition genrée des rôles en interne et non coresponsabilité)
  • les « murs qui se serrent » (modèles et stéréotypes qui blessent l’estime de soi).
    → Trop souvent les femmes apparaissent minoritaires au sommet alors qu’elles sont majoritaires à la manœuvre, comme salariées, bénévoles ou dans le public.

Vers une transition solidaire, égalitaire … Et paritaire !

Action
Il est temps que ce secteur qui se veut exemplaire sur le plan social et environnemental, montre l’exemple également sur le plan de l’égalité femmes/hommes, tout comme de la diversité, de manière plus générale.
C’est bien le sens du travail accompli ces deux dernières années par le groupe de travail « Transition » d’Associations 21 qui a organisé, le 1er avril 2015, un Forum de la « transition solidaire » : ceci pour indiquer qu’une transition juste implique la participation de toutes les composantes de la société, femmes et hommes, y compris les personnes les plus précaires.

Ce projet contribuera aussi à l’appropriation par les associations participantes, d’un des Objectifs de développement durable adoptés par la Belgique à l’Assemblée Générale des Nations Unies à New-York le 25 septembre 2015 : l’objectif n°5, « Parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles ».

Le Monde selon les Femmes asbl, en partenariat avec Associations 21 pour un développement durable va mener, durant le 1er semestre 2016, une recherche-action genre-féministe : selon la méthode de Fals-Borda [[Fals-Borda, Orlando: “Participatory Action Research”, in: Development, 1984, no. 2, pp. 18‑20]] :

  • Recherche : analyse conjointe des causes d’une situation, source d’information pour le/la chercheur.e externe ou le/la coopérant.e.
  • Formation pour adultes : le/la partenaire de recherche ou d’action (“usager”) tire de cette analyse des enseignements pouvant constituer la base d’une prise de conscience.
  • Action : le/la partenaire apprend ainsi des choses utiles pour son travail et exploite ces enseignements en modifiant ses modes d’action.

Les recherches-actions genre-féministe visent la transformation des rapports de pouvoir entre les femmes et les hommes en appuyant l’empowerment (capacitation) des femmes, afin notamment de rendre visible la réalité de l’apport des femmes au développement durable.

Un écueil est la tension entre l’implication des acteurs et les exigences de distanciation favorisant une démarche réflexive et un changement des pratiques : les recherches-actions peuvent y remédier en alliant la rigueur scientifique, dans la manière dont elles seront menées, formalisées, avec la construction de l’action concrète à partir du retour aux bénéficiaires.

Mise en œuvre dans le secteur associatif « développement durable »:

Dès janvier 2016, contact sera pris, pour la recherche-action, avec:

  • En priorité, associations membres actives d’Associations 21 (± 30). Au moins la moitié de ces associations devrait pouvoir s’impliquer dans le projet.
  • Autres associations avec lesquelles Associations 21 collabore régulièrement.
    La recherche action sera effectuée avec maximum 30 associations, pour assurer un travail de qualité et adapté à leurs tailles et réalités respectives.

Objectifs / enjeux de l’action : 
1. Objectiver une situation : état des lieux, évolution depuis 10 ans
2. Tester l’intérêt des responsables, conscience du problème et des solutions → sensibilisation, repérage des personnes motivées dans chaque association
3. Elaborer un plan d’action, permettre la transparence sur les pratiques et leurs changements..

Outils : indicateurs genre en amont et en aval pour évaluer l’impact de l’action.

Responsables du projet :
Eléonore Barrelet, à la manifestation d'Ostende le 6 décembre 2015

  • Lidia Rodriguez Prieto, coordinatrice du projet au Monde selon les femmes asbl
  • Eleonore Barrelet, stagiaire éco-conseillère au Monde selon les femmes
  • Antoinette Brouyaux, Coordinatrice d’Associations 21 depuis avril 2010.

On en profitera aussi pour améliorer nos collaborations!
Ce vendredi 11 décembre 2015, une rencontre sur le thème Genre et Changement Climatique a permis aux acteurs-trices du genre, de l’environnement et du développement de dialoguer à propos des suites à donner à la COP21. Ce dialogue se poursuivra parallèlement à la recherche-action sur la parité dans la transition.