Le 9 mai 2011, l’Institut pour un Développement Durable nous conviait à un séminaire présentant diverses recherches réalisées ou cours, et visant à metre au point des indicateurs de bien-être (projet « WELLBEBE »). Car il ne suffit pas de critiquer le PIB, il convient d’être constructif. Quelles sont les conditions de succès d’un indicateur ? Idéalement, celui-ci doit pouvoir convaincre les politiques, les économistes, les sociologues,… La collectivité doit aussi s’y retrouver. Exemples à Lille, en Flandres et en Wallonie.

« Using ‘functionings and capabilities’ to assess individual well-being »

Document en anglais en ligne

Luc Van Ootegem (HIVA, Gent & KULeuven), a abordé avec sa collègue Elsa Verhofstadt le bien-être en questionnant celui-ci : doit-on mesurer le bonheur, ou les « capabilities » ? Par ce dernier terme, on désigne l’ensemble des états et des activités accessibles pour un individu donné. C’est donc son espace de liberté en termes de choix de modes et de styles de vie.Le bonheur n’est-il pas avant tout une affaire individuelle ? Comment d’ailleurs mesurer celui-ci ? Qu’est-ce qui est mesurable et qu’est-ce qui ne l’est pas ? Comment améliorer notre approche du bien-être ?

Le bonheur est certes pertinent et populaire mais comme indicateur, il est aléatoire. Si l’on compare les déclarations d’habitants de pays fort différents comme la Belgique, la Chine et le Brésil, la cote sur 10 du bonheur sera respectivement 7,3 pour la Belgique, 7,6 pour la Chine et 7,5 pour le Brésil !

Cependant, le niveau de bien-être subjectif est à soi seul insuffisant pour permettre un classement satisfaisant des pays en termes de performances. Si l’on devait choisir un pays où s’installer en fonction de ses chances de bien-être, le classement selon le bonheur déclaré ne serait pas celui qu’un individu rationnel suivrait, mais un classement en fonction de propriétés objectives : revenu moyen, espérance de vie, éducation, etc. Parfois les deux classements correspondent, comme dans le cas de la Sierra Leone (où le taux de satisfaction exprimé est très bas : 3,5 %), mais ce n’est pas systématique.

Comme on ne peut généraliser à tous des moyennes collectives, l’approche « welfariste » est critiquée. Le bonheur ne peut être mesuré, c’est une notion multidimensionnelle et complexe. Une interprétation cardinale n’est pas possible, dans un rapportage, chacun a son cadre de référence. Luc Van Ootegem se réfère alors aux travaux d’Amartya Sen, Nobel de l’économie en 1998. Sur base de son approche des « capabilities » ont été réalisées des enquêtes en Flandres (LEVO), en 2008, 2009 et 2010, de sorte qu’une évolution peut être étudiée. Elles mesurent par exemple la satisfaction au travail, le temps qu’on passe chaque semaine à différentes activités… On remarque notamment le rôle important que jouent les parents et leur niveau d’éducation – singulièrement celui de la mère – dans les capacités qu’ont les individus à s’épanouir dans leur vie d’adulte.

En fait, l’approche « capabilities » est plus orientée vers le futur, la satisfaction de vie étant elle, plus tournée vers le passé. Ces deux approches ne sont pas encore totalement multidimensionnelles, et elles restent conditionnées par des standards de vie et de perception.

In fine, cette enquête s’intéresse à deux éléments : les capabilités (les « chances ») et les réalisations (états de bien-être réellement atteints). Ces deux éléments sont approchés de façon subjective : par ce que les individus en disent, comment ils les évaluent. Ensuite, on compare les déclarations des enquêtés sur ces deux ensembles de données avec leur sentiment de bien-être subjectif, mesuré de 3 manières différentes (simple, en référence à un terrien moyen dont le score serait de 5, et en référence avec la cote qu’ils attribuent eux-mêmes au pire et au meilleur moment de leur existence). On constate, ici aussi, qu’il n’y pas de correspondance nécessaire entre le bien-être subjectif (bonheur) et soit les capabilités soit les fonctionnements. Par ailleurs, les résultats divergent en fonction de la mesure de bonheur utilisée.

Débat: cette présentation suscite la question de la dimension collective du bien-être. Les « capabilities » renvoient à sa dimension individuelle. Mais quid des questions publiques ou des biens communs, déterminants pour l’usage que peuvent faire les acteurs politiques des indicateurs de bien-être ?

Il est vrai que le bien-être social n’est pas la somme des bien-être individuels. Se pose dès lors la question : qu’est-ce qu’une société « saine » ? Il y a des besoins objectifs (sécurité d’existence…) nécessaires pour tout le monde. Au-delà, se pose la question des ego, des différentes conceptions éthiques et religieuses… Cf. théorie de la justice d’Amartya Sen. Mais son approche des « capabilities » pousse les plus compétents en avant, ce qui accentue la fracture sociale.

L’approche de Tim Jackson (auteur de « Prospérité sans croissance ») intégre les limites écologiques dans un cadre de référence qui peut compléter l’approche « capabilities ». Reste au politique à déterminer le poids de chaque indicateur.

Le projet « Indicateur 21 » de la Région Nord Pas de Calais

Ce projet nous est présenté par Florence Janet-Catrice de l’Université Lille 1. Démarré en 2003, il visait à fournir un indicateur de santé sociale légitimé par toutes les parties prenantes, comme instrument de gouvernement territorial. Commandé par les responsables politiques, il a été mené avec l’assistance d’universitaires. On a aujourd’hui déjà un certain recul pour pouvoir en tirer un bilan réflexif.

Besoin de départ : l’action publique étant rendre le bonheur possible, elle doit être basée sur une information multidimensionnelle sur le développement humain durable, qui soit comparable aux données d’autres territoires, et qui permette de piloter l’action publique sur la voie du développement durable. Il y avait donc un objectif d’efficacité mais aussi de débat démocratique. On ne partait pas non plus de rien. Divers indicateurs étaient alors proposés comme l’indicateur du développement humain (PNUD) en vue de compléter la vision économiciste du PIB. De l’autre côté, on trouvait alors en France de nombreuses initiatives locales faisant écho au débat mondial sur les indicateurs de bien-être, mais elles étaient éparses. L’enjeu était donc de combiner ces initiatives pour construire une vision synthétique.

A l’époque il apparaissait que le Nord Pas de Calais avait 10 ans de retard sur les autres régions de France. Cela se marquait notamment dans l’espérance de vie, moins longue qu’ailleurs. La Région disposait alors l’IPH-2, indicateur de pauvreté humaine appliqué à l’ensemble des pays dits développés. Combinant 4 dimensions – inégalités de santé, d’instruction, monétaires, sur le marché du travail. – cet indicateur est très stable dans le temps. Il s’agissait de le « territorialiser ».

Il y avait aussi le Bip-40, baromètre élaboré par un groupe de chercheurs, de syndicalistes et d’acteurs de la société civile en vue de mesurer les inégalités de la pauvreté et former un aperçu des grands problèmes sociaux en France. Ce baromètre national s’appuie sur 60 variables. Les revenus et les questions d’emploi & de travail y ont un double poids. On constate ainsi qu’en 20 ans, revenu et emploi ont plutôt progressé tandis que l’éducation et la santé ont dégringolé. Le Bip-40 fait apparaître le patrimoine comme source d’inégalités.

Dans le Nord Pas de Calais, les chercheurs ont planché sur 45 des 60 variables pour lesquelles suffisamment de données étaient disponibles. Il s’est avéré laborieux de trouver ces données. Le système statistique public territorial est dispersé, à l’inverse de l’Insee au niveau national. Les enquêtes auprès des ménages sont lacunaires, les données administratives sont surreprésentées, ce qui induit des politiques du chiffre plutôt que des politiques de traitement de la question sociale.

Enfin, les données peuvent apparaître comme des indicateurs de performance des services publics. Finalement, le baromètre régional mis au point utilise 29 variables.

L’étape suivante a été d’appuyer ce travail sur des débats citoyens, afin de conférer une légitimité démocratique au travail des experts. Pendant 18 mois, des forums hybrides ont réuni des personnes présentant des profils et talents oratoires très divers. La régularité des participants fut aussi aléatoire. Néanmoins, des conclusions intéressantes ont pu être tirées de ces forums : le souci de montrer le bon sens plutôt que le mauvais (parler de santé sociale plutôt que des inégalités ou de la pauvreté); le constat que les richesses ne sont pas le symétrique des pauvretés, et l’importance de la question du lien; le fait qu’il faille des points de repère comme la comparaison possible avec d’autres régions ou dans le temps; la nécessité de limiter le nombre de variables et de mettre l’accent sur certaines par rapport à d’autres.

Au départ les élus étaient extérieurs, ils se sont intégrés petit à petit, parallèlement à la mise en place d’une conférence citoyenne. Celle-ci a été organisée juste au moment où la commission Stiglitz rendait son rapport en 2009. Les participants ont consacré à l’exercice 5 ou 6 week-ends complets pour se former puis s’approprier le débat. Du point de vue de la représentativité sociale, le groupe n’était pas très équilibré. En tout cas ils ont spontanément évoqué la question des biens communs. Leur interpellation aux élus peut être résumée en ces termes : « derrière des choix d’apparence technique, il y a des enjeux politiques qui ne peuvent pas être seulement l’affaire d’experts ».

Après cette conférence citoyenne et à la demande de celle-ci, il fallait un forum hybride permanent car trop de stabilité d’un indicateur dans le temps, l’autonomise et lui confère un statut d’icône : le chiffre pour le chiffre. C’est pourquoi il doit être constamment requestionné.

Depuis, plusieurs entreprises n’ont pas pu s’installer dans la région car ne donnant pas assez de gages quant à leur impact sur l’environnement. Des décisions concrètes ont donc été prises sur base de ces indicateurs, qui font désormais partie du schéma régional d’aménagement du territoire. Tous les 10 ans, un bilan doit être fait pour vérifier si la Région progresse ou régresse. Ce travail a également été une source d’inspiration pour d’autres régions de France.

En conclusion, les indicateurs ne sont pas très efficaces dans le court terme mais ils aident à la représentation, à penser autrement la soutenabilité. Ainsi on dépasse la métrique pour toucher au philosophique, c’est pourquoi les citoyens sont aussi légitimes que les experts. Une question qui ce pose dans ce type de processus : veut-on un outil qui crée un nouveau paradigme ou tente-t-on simplement de décrire la réalité d’aujourd’hui ? La prospective est rarement complètement débridée. Dans cette expérience, il y a quand même eu de l’audace, et des tensions entre les instances. Il faut dire que c’est dans cette région de France que les inégalités sont les plus criantes.

« La parole aux citoyens. Que nous disent-ils à propos du bien-être ? »

Christine Ruyters & Michel Laffut nous présentent ce projet de l’IWEPS (Institut Régional Wallon de Statistiques), en cours en Région Wallonne.

L’IWEPS a été chargé en 2008 par le Gouvernement wallon de mettre en place un indicateur en lien avec le plan de cohésion sociale en Wallonie, pour mesurer la capacité de la société à assurer le bien être de tous ses membres en évitant les disparités et les polarisations. C’est le cadre conceptuel dans lequel le Conseil de l’Europe avait tenté de définir le bien-être, soulignant qu’il ne peut être défini à priori mais qu’il doit l’être avec les citoyens.

En Wallonie, il s’agit de pouvoir classer les communes quant à l’accès aux droits (exercice effectif d’un droit et non offre de biens). On a beaucoup de statistiques sur l’offre de services mais peu sur l’exercice des droits. Et depuis le recensement de 2001, les choses ont évolué. C’est pourquoi une démarche pilote a été lancée avec le Conseil de l’Europe pour définir ce qu’est le bien-être avec les citoyens dans les territoires. 15 communes sélectionnées sur base de 200 variables – pour assurer une diversité suffisante – ont accepté de jouer le jeu. Pour le Conseil de l’Europe, la cohésion sociale est un projet politique et son objectif est le bien-être. Le progrès est défini par cet objectif.

Avec ce processus, l’IWEPS veut approcher la disparité entre communes selon leur localisation, le fait qu’elles sont urbaines ou rurales… Et concilier une approche territoriale fine avec une approche plus globale utile pour les politiques. D’où l’importance de la coordination du projet, assurée par un comité incluant des représentants locaux. Ceux-ci ont été formés par le Conseil de l’Europe pour animer les groupes locaux, composés de personnes représentant au mieux la diversité locale (au total 150 groupes représentant 1200 personnes de tous âges, statuts et professions).
A partir des critères retenus au cours des trois premières réunions, ils en sont à élaborer les indicateurs. Après viendra la mesure.

En Wallonie, 157 communes ont un plan de cohésion sociale. Le projet d’adressait à toutes les communes. Dans les 15 participantes, 9 ont un plan de cohésion sociale. Les animateurs se sont rendu compte qu’ils avaient en main un outil permettant le débat avec un public difficilement atteignable et en général, ils en profitent plus largement. Les indicateurs deviennent un prétexte pour créer un mouvement, c’est un outil de dialogue.

Sans détailler ici les techniques d’animation, celles-ci ont permis aux 1200 citoyens participants d’émettre au total 16.000 critères de bien-être classés ensuite par l’IWEPS qui utilise aussi une échelle de progrès, du 1 (très mauvais accès aux biens) au 4 (très bon accès). Dans le 4, le Conseil de l’Europe distingue qualité et soutenabilité. En Wallonie, il n’est pas encore beaucoup question à ce stade de durabilité, mais ça viendra car les débats s’avèrent mobilisateurs. Le processus est long mais encourageant, vu l’appropriation collective. Il est même question de mettre en place des méthodes participatives de collecte de données, car tout n’est pas finançable d’en haut. Et vu qu’on ne travaille pas de la même façon avec les différents publics, les outils doivent être multimodaux.

L’hypothèse de départ était qu’il y a des différences de perception de la notion de bien-être parmi les citoyens. Pour la vérifier et construire une vision collective sur base d’expressions singulières, l’IWEPS pratique l’analyse lexicographique (« text mining ») des critères fournis par les groupes locaux. Les mots, compris comme des signaux sont examinés selon la diversité des termes utilisés, la fréquence de chacun d’eux, l’intensité des relations entre eux… Ainsi le mot « autre » : souvent utilisé non comme un adjectif mais comme un substantif : « les autres ». Le mot enfant est le plus fréquemment utilisé…

A partir de là on peut faire une ou des cartes sémantiques révélatrices (wordmapping). Par exemple :

 Dans les groupes de personnes plus précaires, les mots associés à « enfant » sont : avenir, études, donner, éducation, droit, soins, autorité. Ces personnes pensent en termes d’avenir et de devoir.

 Dans le groupe des travailleurs, on trouve : avoir, être, temps, couple, famille, amis, voisinage. Ces termes relèvent plus de la gestion.

 Les travailleurs utilisent plus souvent le mot « pouvoir » : 38 fois pour 16 fois chez les précaires, chez qui le pouvoir intervient surtout dans le mal-être (ex. ne pas pouvoir), tandis que chez les travailleurs il intervient dans le bien-être.

 Il y a aussi des différences entre communes urbaines industrielles, urbaines résidentielles et rurales. Dans ces dernières on relève l’importance plus grande de la mobilité.

Voilà une belle matière première à disposition de tous, qui peut faire l’objet de débats. On peut mesurer beaucoup de choses, c’est intéressant, mais il ne faut pas en conclure qu’hors de la mesure il n’y a point de salut. L’analyse qualitative est intéressante pour les communes, indépendemment de la mesure. Finalement, 70 indicateurs et 350 composantes du bien-être ressortent de la mise en commun des groupes.

Débat :

  1. En posant la question « qu’est-ce que le bien-être? » est-ce qu’on ne va pas jouer à Père Noël ? Il s’avère que non, vu l’importance du débat dans la collecte de critères.
  2. Quant à l’apport du Conseil de l’Europe : sa charte de cohésion sociale fournit une base théorique et une stratégie accompagnée d’une échelle de progrès permettant la réflexion sur les écarts.
  3. Dans la réponse collective, cherche-t-on l’harmonie ou le conflit d’intérêts ? Ni l’un ni l’autre, c’est le reflet d’une réalité. Par exemple, on n’élude pas les propos racistes. Les différences de perception étaient une des questions de recherche au départ. L’analyse lexicographique permet de dépasser le cadre limité de l’expression individuelle pour construire une vision collective, mutualisant les apports de chacun.

Ce travail linguistique révèle en tout cas une étonnante créativité sociale. On espère que celle-ci aidera à l’arbitrage entre désirs et contraintes éthiques, société de consommation et développement durable…

L’expérience WellBeBe

Ce dernier projet de recherche est présenté par Paul-Marie Boulanger (IDD, BE), Tom Bauler (IGEAT, ULB) et Coline Ruwet (IDD-IGEAT). Il s’agit de panels citoyens sur les indicateurs de bien-être.

Dans ce cas également il s’agissait de construire des indicateurs pour orienter les politiques publiques dans la transition vers un développement durable, tout en prenant en compte l’existant et en associant des citoyens au processus, de différentes façons possibles. Dans l’existant, il y a les théories normatives sur le bien-être, le « welfarisme », le « stress-coping », l’approche « capabilities » (cf. Supra) et celle de la rencontre entre besoins et satisfaction. Cette dernière a été retenue parce qu’elle révèle un état objectif de la population et permet un cadre normatif pour l’évaluation du bien-être individuel, des arrangements sociaux et des politiques menées ou envisagées en vue de changements sociétaux.

La discussion sur les besoins et leur satisfaction ouvre la réflexion sur la différence entre besoin et désirs et sur le lien entre le niveau individuel et le niveau collectif. Certes, le langage ordinaire est ambigu : ainsi on dit « j’ai besoin d’une voiture » mais c’est pour satisfaire un besoin de mobilité. Au fait, quel est l’objectif de cette mobilité ? Quelles sont ses alternatives? Comment peut-on pondérer
les conséquences de l’usage de ces différentes alternatives ?

Ainsi l’on distingue des besoins instrumentaux (au service de besoins plus fondamentaux), catégoriels ou vitaux (besoins physiologiques, psychologiques, sociaux…) La vie humaine est un voyage qui commence et se termine dans la dépendance. Entre les deux, la conception libérale dominante fait de l’indépendance un must. Ce must est relativisé par le modèle « besoins-satisfaction », multi-disciplinaire, qui facilite la communication et le débat sur les pratiques sociales. Au-delà de possibles malentendus, ce modèle présente tout de même un risque de paternalisme (dictature des besoins).

Pour pouvoir offrir une légitimité démocratique aux indicateurs de bien-être, ceux-ci doivent être issus d’une collaboration entre chercheurs et citoyens, compte tenu des la diversité des opinions et expériences. L’équipe du projet WellBeBe a organisé un panel citoyen de 3 jours (19 personnes sur base d’un échantillon de la population wallonne), chargé d’émettre des recommandations au Gouvernement wallon, via un rapport.

Ce panel a utilisé l’approche Max-Neef des 10 besoins humains fondamentaux : subsistance, protection, affection, compréhension, participation, loisirs, création, identité, liberté et autonomie, (auxquels les participants ont ajouté celui d’équité); des 3 périodes de la vie : enfance, âge adulte, vieillesse; et des 3 sphères de vie : privé, professionnel, public. Des images ont été utilisées pour préciser ce qui nuit au bien-être et ce qui le rend possible.

La délibération est stressante mais motivante. Les panellistes expriment un réel besoin de délibération publique. Il en est ressorti toute une matrice avec des mots en abscisse exprimant les domaines de satisfaction ((travail- rémunérations, vie privée-intime-consommation, cadre de vie-environnement, services et infrastructures publiques, vie publique-citoyenneté) et en ordonnée, les 11 besoins précités.. Des entrées multiples permettent d’innombrables interactions entre ces notions.

Etapes suivantes pour pouvoir opérationnaliser les indicateurs :

 la pondération doit être normalisée

 il faut prendre en compte les cellules vides dans la matrice

 Cette matrice doit être fixée pour une année de référence pour que les évolutions futures soient mesurables.

La difficulté qui se pose alors est le manque de données et de statistiques. Ce n’est pas évident de trouver les données pertinentes de façon périodique et à l’échelle géographique souhaitée. Quand on parle d’indicateurs, il faut savoir quelles données sont collectables ! A l’inverse, si on part des données existantes, comment va-t-on pouvoir rencontrer les exigences issues de la matrice ? Il faut alors réaliser un tableau des statistiques disponibles, leurs sources, leur périodicité, etc. Il faut aussi savoir si l’année de référence (ex. 2000) était justement très mauvaise ou très bonne, vu qu’elle détermine l’information donnée dans l’évolution. D’après les indicateurs mis au point par ce panel, entre 2000 et 2007, l’indice de satisfaction en Wallonie aurait chuté de 7,16 %. La matrice est toujours en chantier. Elle doit être simplifiée et comparée avec d’autres indicateurs dans le même domaine, les paramètres doivent être consolidés.

Conclusions :

Ces différents processus de construction d’indicateurs ont fourni l’opportunité à un grand nombre de personnes de mener une réflexion collective qui relève en quelque sorte de la recherche action, vu les changements de mentalités nécessaires pour permettre une transition juste, vers une société solidaire et écologiquement soutenable. Le fruit de ces débats, étant à la disposition de tous, peut faire rebondir l’exercice dans d’autres milieux ou éclairer la société civile comme les responsables politiques quant aux priorités de la population, aux disparités et aux évolutions du bien-être tel qu’il s’avère possible de le mesurer aujourd’hui.

Certes, on est encore au milieu du gué, dans la définition des indicateurs de bien-être mais puisqu’il s’agit d’un cheminement continu, joignons-nous à ce cheminement pour évoluer ensemble vers cette société solidaire et écologiquement soutenable que nous appelons de nos voeux. Ce faisant, il importe de rester en phase avec la population… Dans toutes ses composantes et ses expressions.

Pour aller plus loin:

 Site Wellbebe avec les présentations des intervenants:

 Synthèse de Marie Cors, d’IEW