Le 10 décembre 2018, Associations 21 était conviée par la Fondation pour les Générations Futures au Future Generations Summit, une journée dédiée aux échanges autour de la question: « comment transmettre un monde habitable aux générations futures? »  Cet événement était ainsi l’occasion de découvrir 30 initiatives et acteurs de changement en Belgique, ainsi que de discuter diverses thématiques telles que l’alimentation, le logement et la finance à l’Horizon 2030.

Dialogue Horizon 2030

La nourriture à l’Horizon 2030 – Panel: Véronique De Herde, HERA 2016 – Caroline Huyghe, Rikolto & Frédéric Rouvez, Exki

À quoi ressemblera notre alimentation en 2030 ? Comment faire évoluer les systèmes alimentaires vers plus de durabilité tout en nourrissant sept milliards d’individus ? Alors que nous produisons suffisamment de nourriture pour l’ensemble de la planète, environ 821 millions de personnes, soit une personne sur neuf, souffriraient encore de la faim dans le monde.[1] En effet, le problème réside dans nos modes de consommation et de production. Il existe de multiples leviers pour mener à un système alimentaire plus durable comme l’innovation, le comportement des consommateurs, les pouvoirs publics, etc. Nous devons activer tous ces leviers à notre disposition car même si les individus peuvent induire le changement par leurs choix de consommation, ce sont les autorités publiques qui peuvent donner un cadre propice au changement. En d’autres termes, le changement ne peut venir uniquement des individus. Il doit venir également par le haut afin de contrer les verrouillages dans le système qui freinent ou empêchent le changement.

Le logement à l’Horizon 2030 – Panel: Nicolas Bearelle, Revive (B Corp) – Hélène Delmée, HERA 2018 – Christian Fosseur, Velux

Plus de la moitié de la population mondiale habite dans les villes et ce nombre ne fait qu’augmenter. Voilà un constat qui nous pousse à réfléchir à ce que seront l’habitat et la construction en 2030. Comment faire en sorte que le bâtit devienne durable et abordable ? Christian Fosseur mise sur l’efficacité énergétique et la connectivité via la domotique pour créer des « bâtiments exemplaires ». Hélène Delmée prône, quant à elle, le développement d’une filière de réemploi de matériaux de construction qui serait économiquement viable et permettrait un bâtit énergétiquement optimal. En d’autres termes, elle encourage à faire du neuf avec du vieux ! Il existe toutefois encore quelques freins au réemploi tels que certains vides juridiques ou encore la conception des gens selon laquelle « construire avec des « déchets », ça va faire bricolage ». Or plusieurs expériences de réemploi ont montré que c’était faisable, et ce secteur pourrait bien créer des emplois non délocalisables, ce qui serait particulièrement intéressant d’un point de vue social. Enfin, Nicolas Bearelle aborde la question de l’accessibilité de l’habitat pour tous. Selon lui, pour garder les villes attrayantes, il faut optimaliser l’espace disponible, augmenter la densité, et donc créer des appartements plus petits en collectivisant certains espaces (ex. : jardin). Il appelle donc à ce que l’on ait des bâtiments plus compacts et plus d’efficacité énergétique.

Quelles alternatives pour le citoyen ?

  • Les habitats groupés : c’est-à-dire un lieu de vie où habitent plusieurs familles ou personnes et où l’on retrouve des espaces privatifs et des espaces collectifs autogérés.
  • Les habitats légers : c’est-à-dire vivre dans des yourtes, roulottes, tiny houses, kerterres, etc.
  • Community land trust: c’est-à-dire un modèle de propriété hybride par lequel le CLT acquiert des terrains pour les gérer dans l’intérêt de la communauté. Ex : L’Espoir à Bruxelles.

En conclusion, d’après les trois intervenants, le logement à l’horizon 2030 sera plus connecté, adaptable et compact, le tout en étant plus abordable. En activant tous les leviers, c’est possible !

Conférence : Le pouvoir transformateur de l’argent

Cette journée s’est terminée par une conférence de David Pitt-Watson, auteur, orateur, et expert en investissements responsables, sur le pouvoir transformateur de l’argent. Comment mettre notre argent au service du bien ? Est-ce même possible ? Le monde de la finance a mauvaise réputation et est considéré comme un sujet ennuyeux. M. Pitt-Watson nous invite à penser la finance autrement : nous sommes tous concernés par le système financier car il s’agit de notre argent !

La finance a quatre fonctions :

  • L’épargne
  • Les transactions
  • Le partage du risque (les assurances)
  • L’intermédiation

L’orateur insiste particulièrement sur le rôle de l’intermédiation, c’est-à-dire la pratique par laquelle l’argent des épargnants est réinvesti sous forme de prêts dans divers domaines. Malheureusement, les banques continuent d’investir dans des secteurs nuisibles pour l’environnement et le climat, notamment dans les énergies fossiles. Or si ces dernières choisissaient de soutenir des projets environnementalement et socialement durables, elles pourraient jouer un rôle fondamental dans la résolution des problèmes mondiaux.

D’après M. Pitt-Watson, le système peut s’améliorer si on l’exige. Il appelle à la création d’une « économie citoyenne » qui :

  • Pose les bonnes questions
  • Exige des réponses
  • Soutienne les nouvelles institutions (ex. : Triodos)
  • Réforme les institutions existantes

Il s’agit de notre argent. Nous devons poser ces questions. Les grandes sociétés actuelles sont possédées à 50% par des personnes ordinaires via des parts. Nous possédons ces sociétés ! Que pouvons-nous faire ? Nous devons faire valoir nos droits et sauver la planète ! Comment ? On peut, par exemple, simplement écrire une lettre à la banque.

Qu’en retiendra-t-on ?

De ce Future Generations Summit, dont l’objectif était de nous inspirer dans nos pratiques de demain et de favoriser les démarches de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE), nous retiendrons l’optimisme général et la nécessité pour chacun de prendre ses responsabilités afin d’atteindre les objectifs de l’Agenda 2030. Qu’il s’agisse de l’alimentation, du logement ou de la finance, le changement est possible. Par le haut et par le bas, nous devons actionner tous les leviers à notre disposition afin de faire évoluer notre société vers un monde plus juste et plus durable.

[1]La faim dans le monde 2018, Programme Alimentaire Mondial, 2018

 

 

 

 

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