Au sommet syndical de Rio, 400 délégués de 160 millions de travailleurs, avec leurs cultures syndicales différentes, ont pu sortir en trois jours un texte commun qui met en avant nos priorités, dont une sortie des énergies fossiles. Message aux responsables politiques : yes, we can ! Et relancer l’économie sur des bases durables peut constituer une opportunité.


Que défend la FGTB à Rio ?

Ce sommet est important, à l’heure où nous défendons un plan de relance éco-solidaire (éco pour économie et pour écologie). Nous voulons avoir un rôle actif dans les nouvelles orientations à donner aux politiques sociales et environnementales. C’est aussi pour cette raison que la Confédération internationale des Syndicats a tenu un congrès mondial du 11 au13 juin à Rio. Nous avons pu y prendre des orientations sur la transition juste, le renforcement des protections sociales et sur l’éradication de la pauvreté. On a aussi parlé de la taxe sur les transactions financières car des moyens supplémentaires doivent être dégagés. Les discussions étaient passionnantes, les syndicats s’approprient à présent complètement cette démarche de « penser globalement, agir localement ». Il y avait une belle dynamique à ce congrès.

Vous avez ré-insisté lors de ce congrès sur l’importance pour les travailleurs de se réapproprier les moyens de contrôle…

Oui, c’est une question essentielle de démocratie sociale : maîtriser la transmission et l’analyse des informations.

Quid du travail informel ?

Dans le monde, 60% des travailleurs n’ont pas de contrat en bonne et due forme. 75% de la population mondial n’a pas de protection sociale. Donc, le défi est considérable au plan international. Et en Europe, le modèle social est de plus en plus détricoté par les politiques néo-libérales. Nous régressons. Les inégalités sociales augmentent. Ainsi, en Belgique, un enfant sur 4 connaît un risque de pauvreté à cause des précarités que vivent les parents, des aides sociales qui diminuent, etc.

Lors du congrès syndical de Rio, vous avez aussi décidé de doter la transition juste d’un horizon : une sortie des énergies fossiles ?

Effectivement. Au niveau belge, nous avons tout intérêt à avoir une indépendance énergétique par rapport au pétrole, au gaz, à l’uranium. Concrètement, il faut voir le poids du coût de ces ressources énergétiques : ce qui est bon pour l’environnement est bon aussi pour notre portefeuille ! Bien sûr nous défendons toujours l’indexation des salaires ; mais en même temps, il faut empêcher l’inflation du coût de la vie.

Cette décision n’est-elle pas aussi un signal à la communauté internationale, dès avant le début des travaux du sommet de Rio, que le monde syndical est prêt à s’engager ?

Bien sûr. Nous étions 400 représentants de 160 million d’affiliés, avec des cultures syndicales différentes. Et nous sommes capables de sortir en trois jours un texte commun qui met en avant nos priorités. Nous envoyons aux responsables politiques ce message comme un bon présage : oui, on peut le faire ! Et relancer l’économie sur des bases durables peut constituer une opportunité.