Un indicateur est un objet scientifique construit et communiqué en vue d’un usage politique.


Information généralement (mais pas nécessairement) numérique, il permet d’évaluer l’état ou l’évolution d’une problématique d’intérêt général (ex. la pauvreté). Parfois plusieurs informations sont nécessaires pour mieux cerner la problématique. On les regroupe en un indice (ex. le PIB). Pour construire un indicateur, il faut définir les dimensions qui constituent la problématique (la pauvreté a des dimensions financières, sociales, culturelles…) Ces dimensions sont décomposées en variables, qu’on sélectionne en fonction de leur pertinence ou de la facilité de mesure. Les informations quantitatives (ex. le revenu) sont plus faciles à mesurer que les informations qualitatives (ex. la profession). De ce fait, les échelles de mesure doivent souvent être ramenées à leur niveau le plus élémentaire pour permettre l’agrégation de différentes mesures en vue de former un indice synthétique. La question de leur pondération est également importante : ex. va-t-on donner plus d’importance à la dimension matérielle de la pauvreté qu’à sa dimension sociale ou culturelle ? Selon la manière dont l’indice est formé, celui-ci influence différemment ses utilisateurs.

Le cas du PIB est intéressant. Cet indice est utilisé à tout va vu sa commodité, tout en faisant l’objet de vives critiques depuis les années 70. Car il ne prend pas en compte des activités non monétarisées qui pourtant contribuent à la richesse nationale. Il fait fi des inégalités, qui sont une mesure importante de la cohésion sociale, et des atteintes à l’environnement. C’est pourquoi, depuis les années 90, de nombreuses alternatives au PIB sont apparues… Jusqu’à créer l’embarras du choix de ces alternatives !

Ainsi « l’indicateur de progrès véritable » (GPI) tente l’améliorer la méthodologie du PIB. D’autres s’incrivent « au-delà du PIB » en essayant de synthétiser d’autres points de vue comme « l’Indice de développement humain » (IDH), du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). Dans le champ social, le coefficient de Gini mesure le degré d’inégalité de la distribution des revenus dans une société donnée.

En pratique, il reste difficile de décider des indicateurs adéquats pour mesurer le développement durable, bien que divers indicateurs soient testés en ce sens partout dans le monde depuis le Sommet de la Terre à Rio en 1992. Selon le Conseil Fédéral du Développement Durable (CFDD) qui a formulé un avis à ce sujet, la raison principale est que « le développement durable n’est pas encore suffisamment intégré dans les différents secteurs de la politique ». Le découpage institutionnel en Belgique, ne facilite pas non plus la collecte des données. Le CFDD émet différentes propositions pour remédier à cet état de fait…

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A lire sur le sujet :

  • Avis du CFDD, www.cfdd.be/DOC/pub/ad_av/2002/2002a03f.pdf
  • Paul-Marie Boulanger : « Les indicateurs de développement durable : un défi scientifique, un enjeu démocratique », http://users.skynet.be/idd/documents/indicateurs/iddpmb01.pdf