L’avant-première de Makala ya sasa ce lundi 24 janvier était programmée depuis belle lurette, quand l’actualité a mis, ce samedi 22 janvier, le WWF sous les projecteurs : des compagnies pétrolières prospectent dans le Parc des Virunga, avec la bénédiction de l’État Congolais. Ce n’est pas pour rien que diverses ONG comme Oxfam Solidarité et le CNCD entament en 2011 des campagnes de sensibilisation sur l’enjeu des ressources, objets de toutes les convoitises. Vous avez dit « société pauvre en carbone » ? Alors signez la pétition du WWF !


Nous découvrons d’abord le Parc National des Virunga vu d’en haut, dans le petit avion de surveillance du directeur du Parc, Emmanuel de Mérode. Bientôt se succèdent les scènes de rue autour du makala, charbon de bois qui sert de combustible à toute la population de Goma (1 million d’habitants) et des alentours du parc des Virunga. Scènes de rue et scènes de production illégale du charbon de bois en forêt…
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Thierry Lusenge, porte-parole du WWF sur place, nous présente les étapes de la filière et ses travailleurs, mais aussi la mise en oeuvre de projets alternatifs : depuis deux ans, des arbres à croissance rapide sont plantés en périphérie du parc, qui permettront bientôt de produire l‘écomakala, afin de réduire quelque peu la pression énorme qu’exercent les besoins humains en combustible, sur ce poumon – un des derniers – de l’humanité.

Présent à Bruxelles ce 24 janvier à l’occasion de l’avant-première du film, Thierry Lusenge répond aux questions : a-t-on déjà tenté de commercialiser des fours solaires en RDC Congo ? Oui, dit-il, « mais sans succès. Cela cuisait trop, ou pas assez. Vous savez, quand on lutte tellement pour trouver sa pitance, on ne supporte pas de la retrouver brûlée. Alors tout le monde est revenu au charbon de bois… »

Makala ya sasa brosse aussi le portrait de quelques gardes du parc. Celui-ci vous explique en sourdine comment vous comporter face aux gorilles qu’abrite encore le sanctuaire des Virunga. Cet autre ne veut pas que la démarche chaloupée de l’éléphant soit reléguée au rang des histoires que les vieux racontent aux enfants (« il faut qu’ils les voient eux-mêmes !), alors tant pis si « les revenus au Congo sont un peu irréguliers », la motivation, elle, ne faiblit pas !

Ces gardes ont fort à faire entre les carbonisateurs, les braconniers et les Maï-Maï. Alors si on y ajoute les pétroliers… Qu’en sera-t-il de la crédibilité des gardiens du sanctuaire ? L’Europe finance des projets sur place, tels que celui de l‘écomakala. Ne devrait-elle pas alors barrer l’accès aux chercheurs d’or noir ?

La presse a loupé l’avant-première de ce beau documentaire d’1 h 35 qui, bien sûr, passera à la télévision, mais que l’on gagnera à voir sur grand écran : c’est le moindre hommage que l’on puisse rendre aux gardes du parc qui viennent encore de perdre 9 des leurs, et à toutes les personnes qui, opiniâtrement, promeuvent des modes des gestion durable des ressources dans cette région si riche et si pauvre en même temps.

Makala ya sasa est un documentaire de Dominique Thibault, Yèlèma Production asbl, réalisé avec le soutien de la Coopération Belge au Développement – DGCD, Service Public Fédéral Affaires Etrangères, Commerce extérieur et Coopération au développement.

La version 52′ du film sera diffusée sur RTBF la Deux le dimanche 10 avril en fin de soirée et rediffusée sur La Trois le jeudi 14 avril à 13h.

Pétition du WWF pour que stoppent les prospections pétrolières dans le Parc National des Virunga