L’Associations 21 a cosigné la lettre ouverte adressée au Gouvernement Bruxellois à propos des niveaux alarmants de pollution dans l’air de la capitale qui entraîne le décès prématuré de plusieurs centaines de personnes à Bruxelles. Cette initiative de SchoneluchtBXLairpropre pointe les dégâts sur la santé de la pollution de l’air. La lettre, publiée le 20 octobre 2015 dans La Libre et De Morgen, est signée par de nombreux médecins et autres spécialistes de la santé pour demander un plan de qualité de l’air ambitieux, concret et mesurable à nos représentants politiques bruxellois. Elle s’inscrit pleinement dans l’objectif 3 de l’agenda 2030 de l’ONU.
Voici le contenu :


Monsieur le Ministre-Président de la Région de Bruxelles-Capitale, Rudi Vervoort,
Madame la Ministre du Logement, de la Qualité de vie, de l’Environnement et de l’Energie, Céline Fremault,
Monsieur le Ministre des Finances, du Budget et des Relations extérieures, Guy Vanhengel,
Monsieur le Ministre de la Mobilité et des Travaux publics, Pascal Smet,

En juin dernier, la Commission européenne a traduit la Belgique devant la Cour européenne de justice pour le non-respect de la législation européenne en matière de qualité de l’air. L’air propre relève d’une importance vitale pour plus d’un million de résidents bruxellois et pour les 350 000 navetteurs qui y travaillent.

La Région de Bruxelles-Capitale est consciente que des efforts supplémentaires doivent être consentis afin d’atteindre les normes européennes. Malheureusement, la barre n’est pas placée suffisamment haut : “Pour satisfaire à la Directive 2008/50 en matière de PM et de NO2, la Région doit, selon le plan de mobilité bruxellois ‘Iris2’, réduire de 70 à 80 % les émissions de PM10 et de 50 à 60 % les émissions de NO2 produites par les transports.”

Sachant que les normes européennes sont 2,5 fois moins exigeantes que les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il devient évident que ce plan s’avère insuffisant. Une politique beaucoup plus énergique est nécessaire pour réellement protéger la santé des citoyens. Outre les polluants nommés ci-dessus, les particules ultra-fines et le black carbon sont extrêmement dangereux pour la santé. Ceux-ci pénètrent non seulement dans nos poumons mais également dans notre sang.

Des proportions intolérables

Le black carbon est émis par les moteurs diesel et des proportions intolérables ont été mesurées sur plusieurs axes routiers de la capitale. A Bruxelles, la pollution de l’air fait minimum 632 victimes chaque année (1). Souvent invisibles, les recherches démontrent pourtant que les dommages sur la santé des citoyens ne peuvent plus être négligés.

En 2013, l’OMS a conclu que la pollution de l’air et les particules fines doivent être considérées comme cancérigènes, au même niveau que le tabac. Même les non-fumeurs courent le risque de mourir d’un cancer du poumon dû à l’exposition aux polluants nocifs. Les plus jeunes sont gravement touchés par la pollution de l’air. Le développement des fœtus est sévèrement impacté avec notamment des naissances prématurées et une croissance limitée. Les bébés de mères qui sont surexposées aux particules fines pendant la grossesse ont une capacité pulmonaire limitée.

La surabondance d’hydrocarbures polycycliques aromatiques présents dans les particules de diesel augmente les risques d’un poids insuffisant à la naissance et entraîne des risques graves pour le développement cognitif et psychomoteur des enfants. En outre, le risque de développer de l’asthme, des allergies et le diabète augmente sensiblement. Il a aussi été démontré que la pollution de l’air est responsable d’un grand nombre d’infections pulmonaires et de maladies cardio-vasculaires : 20 % des bronchites chez les enfants, 30 % des pneumonies obstructives chroniques chez les adultes et 30 % des infarctus sont causés par la pollution de l’air.

Les maladies et les décès prématurés cités ci-dessus ne causent pas seulement des souffrances personnelles mais aussi des coûts à notre société. Les études scientifiques sur les dommages causés par la pollution de l’air submergent les médecins. A Bruxelles seulement, les décès prématurés occasionnent chaque année un coût supérieur à 750 millions d’euros, sans tenir compte des innombrables jours de travail perdus.

L’utilisation abusive du diesel

Une des plus graves sources du problème est l’utilisation abusive de véhicules à moteur à combustion, en particulier au diesel. La pollution de l’air dans et autour de la Région bruxelloise provient essentiellement de zones spécifiques où la concentration de véhicules est particulièrement élevée. La réduction du nombre de victimes est possible, mais cela exige impérativement de prendre des mesures strictes et tangibles pour gérer le trafic.

Aussi, il est certain que la pollution de l’air ne peut être résolue par la Région bruxelloise seule car il s’agit d’un problème “transfrontalier” qui nécessite des accords entre les Régions et sur le plan fédéral, mais cela ne doit pas être une excuse pour ne pas agir au niveau bruxellois. Au contraire, le gouvernement bruxellois est en mesure de prendre des mesures décisives et le nouveau Plan régional Air-Climat-Energie représente ici une excellente occasion à ne pas rater.

Dans l’intérêt de tous les résidents et les navetteurs, nous vous demandons de tenir compte des deux points ci-après dans le plan régional Air-Climat-Energie :

  • Outre fixer des objectifs ambitieux concernant le PM10 et le NO2, faire de même pour le PM 2.5 et le black carbon;
  • Etablir un calendrier clair de réalisation des objectifs fixés. Nous vous demandons également d’examiner la possibilité de prévoir désormais des zones de sécurité entre les sources de pollution de l’air et des bâtiments destinés aux populations vulnérables.

La santé et le bien-être de nous tous sont en jeu. Sincères salutations,