La plénière finale a démarré avec les rapports des ateliers :

Atelier 1. Liberté de la recherche : Ezio Gandin (Amis de la Terre) a pointé l’importance de la question du genre : « Qui a fait à manger à Adam Smith ? » Comme dans la famille, la place des femmes dans la recherche n’est pas évidente. Aussi, place à la slow science ! Ce qui implique de libérer les chercheuses et chercheurs de la contrainte de la valeur ajoutée des recherches à court terme. Enfin, il est nécessaire de définancer les recherches qui contribuent à des activités nuisibles.

Atelier 2. Recherches conjointes : Jacques Valentin (Institut Eco-Conseil) souligne l’importance de co-construire dès l’amont et d’aller plus loin que la complémentarité entre associations et universités pour créer de réelles innovations.

Atelier 3. Vulgarisation : Johan Yans (UNamur) rappelle les trois missions de l’université : recherche, formation, contacts avec société civile. Cette 3e fonction n’est pas du tout valorisée. Une partie de certains projets devrait avoir un package obligatoire de vulgarisation.

Atelier 4. Déconstruire les mythes : Tom Bauler (ULB) souligne l’importance de tenir compte de la temporalité des projets de recherche (cf slow science). Sinon on retombe toujours sur les mêmes sujets. Valoriser le long terme peut se faire via les mandats FNRS (actuellement dirigés vers une même forme de recherche).

Atelier 5. Economie de la Transition : Orlando Sereno Regis (Groupe One) pointe le 1er constat de l’atelier : cela ne va pas être facile ! Ces changements nécessitent de gros changements culturels. Des mesures devront être imposées. Attention à la gouvernance ! Restent ces questions : Comment mesurer ce qui n’est pas mesurable ? Et dans le modèle idéal de fonctionnalité, de décroissance, est-ce qu’on générera suffisamment de financements pour pouvoir assurer tous les services publics ?

Atelier 6. Pour un co-create wallon : Selon Kevin Maréchal (ULiège), cet atelier a permis de confirmer une volonté largement partagée d’impulser une action co-create en Wallonie. Une idée maîtresse : faire la part belle aux territoires, où les enjeux se posent de manière différente. Capitaliser sur ce qui est déjà produit. Construire avec ces gens-là. Une promesse : créer une task-force pour transformer l’essai pour ce futur co-create wallon, pour être en ordre de bataille pour le momentum des élections.

Atelier 7. Diversité : Augustin Joiris (Institut Eco-Conseil) constate que la diversité a déchaîné les passions. Il faut plus de moments de rencontre entre académiques et non-académiques, pour dépasser les préjugés. Qui est légitime ? Faire de la recherche et construire des savoirs, ce n’est pas la même chose. Tout le monde est légitime pour construire des savoirs.

Atelier 8. 3ème voie : Brigitte Gloire (Climat et Justice Sociale) constate que l’effondrement est un objet de curiosité. La question n’est pas d’être alarmiste ou de positiver mais de marier écologie et social. Il y a bien un conflit entre l’urgence et le temps à venir. Pourquoi les décisions non soutenables ont-elles ont été prises ? La transdisciplinarité implique d’approcher les problèmes de manière plus systémique.

Panel final :

Jean-Pascal van Ypersele (UCL) pointe l’importance de l’approche systémique des chercheurs, en cohérence avec le financement des recherches. On a besoin de toutes les disciplines. Il faut aussi garder des chercheurs qui travaillent sur des questions qui à priori n’ont aucune utilité, c’est la recherche fondamentale. Mais vu les difficultés auxquelles le monde est confronté, c’est clair que la recherche doit prendre ces difficultés à bras le corps. Pour accroître cette prise en compte, il faut accroître le dialogue. Etre soucieux de ne pas exclure, éviter de ne travailler que pour une partie des citoyens du monde.

Fin du monde/fin du mois : les deux ne sont pas incompatibles. La recherche doit ê attentive à cette double temporalité. A certains égards, les gilets jaunes sont plus verts que les gilets verts.

Aussi, ce qui est revenu beaucoup dans les rapports des ateliers : revaloriser la valorisation, la vulgarisation rarement valorisée par les universités ou par les bailleurs de fonds. Ce devrait être un critère pour les promotions et l’évolution des carrières. C’est donc difficile pour les jeunes chercheurs de sortir de l’entre-soi. Dans les faits, la 3e mission « services à la société » n’est pas valorisée.

Par rapport aux financements, l’indépendance de la recherche est importante : beaucoup est financé par les entreprises. Dès lors, le mur entre le financement et le regard sur le résultat, devrait être beaucoup plus épais. Les bailleurs de fonds ne devraient pas pouvoir influencer les résultats de recherches.

Véronique Rigot (CNCD-11.11.11) se réjouit du nombre de contacts, rencontres, discussions… La journée a été extrêmement riche. Il ne faudrait pas que ce soit un one-shot. D’où l’idée de speed-dating entre associations et chercheurs. Même entre associations : le secteur associatif est pluriel. Toutes les ONG n’ont pas les mêmes moyens, les mêmes profils en termes de compétence. D’où l’intérêt de mieux se connaître. On ne part pas de rien. Des recherches conjointes qui se font déjà devraient être mieux valorisées.

Il y a différentes formes de collaborations : les recherches conjointes, mais aussi les rencontres dans les conseils consultatifs, les cours universitaires où des représentants de la société civile sont invités.

Pour renforcer l’innovation sociale, les partenariats devraient être financés pour encourager la transition. Parlons aussi développement durable, de l’évolution de la société dans toute sa complexité et ses domaines d’action. Quid de couper les robinets des fonds publics à des financements pour des recherches nuisibles ? Il est temps d’accélérer la transition, l’opinion publique est mûre.

Emmanuel Delhaye représente la DG économie, emploi, recherche du Service Public de Wallonie. Là est la plus grande partie des fonds wallons. Du coup, en termes de critères de sélections, la valorisation économique est le critère le plus important. On doit évaluer aussi le social et l’environnement : mais ce ne sont jamais des critères excluants ! Il faudrait que ces critères aient plus de poids.

Le modèle co-create est convaincant : l’administration wallonne devrait explorer cette piste. Il y a bcp d’attentes envers l’administration : elle peut influencer le politique mais ne peut pas prendre de décision. On verra qui sera le prochain ministre qui aura la recherche dans ses compétences…

L’innovation sociale est importante : elle permet de planter des racines, les transformations sont plus durables.

Les programmes actuels essayent de décloisonner mais cette DG ne peut pas financer directement une association. Il y a là un gros travail à faire. Les projets actuels sur la table sont fortement induits par les entreprises. Celles-ci financent même des projets universitaires, la recherche est captive.

Ses propositions : créer des programmes thématiques, des catégories qui permettent l’émergence des projets qu’on recherche. Le maître-mot est décloisonnement, y compris avec la Flandre. Ce qui nécessite plus de coordination entre les pouvoirs publics concernant les priorités de recherche. Il faut prendre le temps de le faire…

Débat :

Orlando Sereno Regis réagit aux propos de Véronique Rigot : la population n’est pas prête. Selon Véronique Rigot, population prête ou pas, l’enjeu est la transition juste.

Orlando Sereno Regis pointe aussi le fait que collaborer avec les entreprises n’est pas nécessairement négatif. Tout dépend des critères. Le problème, ce sont les indicateurs.

Réaction de Véronique Rigot : le poids des lobbies est important, ils travaillent de manière très cachée. Les associations essayent de dénoncer leur impact. Nous sommes des lobbyistes aussi, mais nous n’avons pas les mêmes moyens, pas les mêmes méthodes, pas les mêmes causes. Nous faisons du plaidoyer, en vue de l’intérêt collectif. Le lobbyiste cherche à défendre des intérêts particuliers. Comment s’y attaquer sinon en le dénonçant ? Ex Corporate Europe Observatory, que les médias devraient plus relayer. Et au-delà des médias mainstream, pointons aussi l’importance de la « slow presse », qui prend le temps d’aller au fond des choses.

Jean-Pascal van Ypersele : la transparence est une nécessité absolue. Il faut une déclaration d’absence de conflit d’intérêt dans les publications. Un panel climat a été créé à la demande des jeunes de Youthforclimate pour qu’on les aide à répondre aux questions qu’elles reçoivent. Leur rapport : https://www.klimaatpanel.be/nl

En conclusion, Alain Dangoisse, président du CA d’Associations 21, invite l’assemblée à poursuivre et propose une rencontre « sciences citoyennes », fixée le 13 juin 2019.

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