La parole à Wiebe Eekman, porte-parole de l’association Climat et Justice Sociale qui organise le train pour Varsovie: 700 activistes se rendront ainsi, dans un train spécialement affrété par la SNCB, à la Conférence des Parties pour le Climat. Associations 21 y sera représentée. Nous manifesterons à Varsovie le samedi 16 novembre en compagnie d’activistes Polonais.


Cette année, les négociations internationales sur le climat ont lieu à Varsovie, en Pologne, du 11 au 22 novembre 2013. Le samedi 16 novembre, nous y serons pour marcher sous le mot d’ordre: «Pour un bon accord international, tant sur le plan social qu’environnemental. Pour une transition juste et un travail décent.»

Il y a quatre ans, en décembre 2009, c’est avec un grand enthousiasme que nous avons organisé le train pour Copenhague. Les mouvements sociaux, dont les deux syndicats, ont manifesté aux côtés des mouvements pour le climat, pour revendiquer un accord climatique effectif et équitable.

Depuis Copenhague, on entend partout : «Changez le système, pas le climat!»

Aujourd’hui en 2013, force est de constater que les négociations sur le climat n’ont pas fort avancé, ni sur le plan de l’environnement, ni sur le plan social. C’est pourquoi nous nous lançons une nouvelle fois dans l’aventure d’un train spécialement affreté pour les manifestants aux négociations de Varsovie.

Des organisations nombreuses et variées soutiennent cette initiative. Chacune a son approche et sa motivation propre, mais ensemble, cela donne un large mouvement. [[Note: les négociateurs belges à la conférence sur le climat ont reçu un document de recommandations de politique climatique rédigées conjointement par les syndicats et les principales ONG dans le cadre de la plate-forme Justice climatique.]]

Pour un bon accord international, efficace tant sur le plan social qu’environnemental

Maintenant que le 5ème rapport du GIEC a été publié, plus personne ne peut se voiler la face. Il nous faut une réduction drastique des émissions, en premier lieu dans les pays industrialisés. C’est une question de justice minimale envers les pays du Sud. Mais c’est aussi une question de propreté de l’air chez nous, de gestion des événements climatiques extrêmes, de protection de nos récoltes, de garantie de l’approvisionnement en eau… Bref, il y va de la protection de notre vie quotidienne.

La réduction des émissions implique un renversement de la politique: les autorités doivent investir dans les économies d’énergie, dans des sources renouvelables d’énergie, tant en production qu’en stockage… Cela implique d’investir dans le transport en commun… De réfléchir à des solutions collectives à grande échelle. Cela implique une politique sociale qui concerne toute la population. Nous demandons que les autorités prennent leurs responsabilités pour garantir ces changements.
[[Selon le GIEC, il faut pour 2020 dans les pays industrialisés une réduction d’émission de 45% par rapport à 1990; et pour 2050, une réduction de 90%.]]

Sur base de leur expérience, les Belges comprennent les difficultés des Polonais.
Aller de Belgique en Pologne, c’est une raison de plus pour souligner ces aspects sociaux. Nous savons qu’en Pologne, les syndicats mènent une dure lutte pour le maintien de l’emploi, pour des prix abordables de l’énergie, contre les licenciements et les économies. Nous savons aussi que la pauvreté pousse beaucoup de Polonais à venir chercher en Belgique un travail pour lequel ils sont dans l’ensemble sous-payés.

Nous pouvons raconter aux Polonais comment en Belgique toutes les mines ont été fermées. Que la sidérurgie n’est plus que 10% de ce qu’elle était au siècle dernier. Que la construction navale et le montage automobile sont décimés. Personne en Belgique n’oserait prétendre que la cause en a été la politique climatique des autorités. Il s’agit ici clairement d’autres intérêts, de recherche effrénée de profit.

Nous avons entendu que les autorités polonaises veulent donner un rôle primordial aux grands patrons de l’industrie et de la finance. D’ailleurs, les négociations sur le climat ont été avancées de décembre à novembre précisément pour les faire coïncider avec le sommet international du lobby du charbon (International Coal & Climate Summit, 18-19 novembre). Cela nous préoccupe fortement.

Pour une transition juste et un travail décent

Sur le plan social, nos revendications sont claires: la transition vers une économie bas carbone doit constituer une avancée pour tous les travailleurs et leurs familles. Il faut garantir des emplois et un salaire décent. Les conditions de travail doivent s’améliorer partout. Les ouvriers et leurs syndicats doivent avoir la parole dans toutes les discussions et dans les changements. Chacun doit avoir droit à une formation professionnelle appropriée et la possibilité d’épanouir ses talents. Il faut continuer à développer la protection sociale. Le mouvement belge pour le climat soutient ces mots d’ordre syndicaux.

Wiebe Eekman,
Porte-parole de Climat et justice sociale,
Vice-président de la Coalition climat.