Synthèse des avis des ONG d’environnement et de développement qui ont suivi sur place les négociations du sommet des Nations Unies de Doha sur le climat. Avec en prime, le lien vers l’excellente carte blanche de Véronique Rigot parue dans La Libre du 11 décembre 2012: “Climat: il faudra attendre”…

Conférence climat de Doha : Cruel manque de volonté politique

Communiqué de la plate-forme Justice Climatique, le 8/12/12 à 20h

Prolongation du Protocole de Kyoto jusqu’en 2020 et petits pas vers la conclusion du nouvel accord global pour le climat (prévue en 2015). La conférence des Nations Unies pour le climat de Doha a clôturé ses travaux sur des réductions d’émissions à court terme bien insuffisantes et sans engagement financier concret, tandis que les préoccupations sociales étaient absentes de l’agenda.

“A Doha, les pays ont échoué à démontrer la volonté politique qui serait nécessaire. La Belgique ne s’est pas démarquée non plus, surtout concernant les financements climat et sa politique interne de réduction des émissions” concluent les membres de la Plateforme Justice Climatique représentés à Doha (BBL, WWF, Greenpeace, CSC, FGTB, CGSLB, Oxfam-Belgique, 11.11.11 et le CNCD-11.11.11) :

 “Le Protocole de Kyoto a été prolongé, mais ce qui se trouve sur la table ne freine pas le réchauffement mondial. C’est pourquoi nous appelons l’Union européenne à opter le plus rapidement possible pour un objectif de réduction de 30%.”

 “Concernant les financements post-2012, il n’y a que très peu sur la table. C’est inacceptable. Il est inconcevable que les pays industrialisés abandonnent les pays du Sud face aux changements climatiques.”

 “Doha devait adopter un programme de travail pour augmenter le niveau d’ambition pour 2020 et poser les bases des réductions globales d’émissions après 2020. L’avancée actée dans l’accord de Doha est insuffisante et trop peu concrète.”

 “Les pays industrialisés sont restés sourds aux préoccupations sociales: l’opérationnalisation de la transition juste n’était pas à l’agenda et les victimes des changements climatiques devront attendre l’année prochaine pour un éventuel mécanisme international d’assurance et de compensation pour les dégâts du climat.”

Ce manque d’ambition à Doha conforte le scénario d’un réchauffement irréversible de 4 degrés ou plus, avec les conséquences sociales et écologiques dramatiques que cela implique.

Sommet de Doha : à peine mieux que rien

Communiqué des ONG d’environnement, 8/12/12 à 20h

 Après Doha, la planète reste en route vers une augmentation globale de la température de 4° degrés. En effet, si le protocole de Kyoto, seul traité contraignant sur le climat, a été prolongé au-delà du 1er janvier 2013, il n’engage qu’un nombre limité de pays et porte sur des objectifs beaucoup trop bas. 

 Une deuxième période d’engagement du protocole de Kyoto commencera bien en janvier 2013 ; elle impliquera l’Europe, l’Australie et quelques autres pays. Pour Jan Vandermosten, du WWF, « la prolongation du protocole de Kyoto est évidemment une bonne chose. Mais les objectifs de réduction sont si faibles qu’ils n’entraîneront pas un gramme de réduction supplémentaire. L’Europe, par exemple, a déjà atteint depuis 2011 l’objectif qu’elle s’était fixé pour 2020 ! Un amendement ajouté au nouveau protocole lui offre toutefois la possibilité d’augmenter son objectif en 2014. Il est crucial que l’Union utilise cette opportunité et passe à un objectif de moins 30% ».

 Le bilan de Doha est d’autant plus mince que ce Kyoto-bis ne couvre que 15% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Arnaud Collignon, de Greenpeace, constate : « Tous les pays sont venus à Doha sans promesse de diminuer leurs émissions et avec peu d’argent pour les pays qui souffrent déjà des changements climatiques. Dans ces conditions, ce sommet n’a pu qu’accoucher d’un plan de travail visant à augmenter l’ambition. Ce plan laisse trois ans pour arriver à un traité ambitieux mais cela ne se concrétisera que si les Etats font leurs devoirs à la maison. »
 

 Pour Jean-Denis Ghysens, d’Inter-Environnement Wallonie, chaque Etat a en effet une responsabilité qui lui est propre pour la réduction de ses émissions domestiques. Et la Belgique ne constitue malheureusement pas un exemple sur ce plan : « La Belgique n’est plus le bon élève climatique qu’elle prétend. Elle est venue à Doha sans un sous en poche pour les pays victimes des changements climatiques, régions et fédéral se renvoyant la balle sur ce sujet. En matière d’émission dans le transport, le bâtiment ou l’agriculture, notre pays est un des rares Etats européens à ne pas atteindre ses objectifs… La Wallonie, qui vient de se doter d’un Décret Climat, a l’occasion d’inverser cette mauvaise tendance mais elle doit pour ce faire adopter sans délai un plan air-climat-énergie en phase avec son objectif de réduction de – 30% en 2020. »

DOHA / Le Sud est le grand perdant

Communiqué du CNCD et D’Oxfam le 8/12/12 à 20h30

La conférence climat de Doha a conclu ce soir un accord peu équilibré pour les pays du Sud. Le Protocole de Kyoto est prolongé jusqu’en 2020 mais ce qui est sur la table ne contribuera pas à freiner le réchauffement mondial. Aux yeux des coupoles des ONG Nord-Sud, Doha a littéralement abandonné les victimes du climat.

« La bataille a été rude jusqu’aux derniers moments, mais le grand perdant est finalement le Sud. Pas d’engagement financier concret et un hypothétique mécanisme international d’assurance et de compensation dans un an, les préoccupations des pays du Sud ne sont globalement pas rencontrées » commente Véronique Rigot, représentante du CNCD-11.11.11 à Doha.

Quelques petites avancées ont été obtenues lors du bras de fer des dernières heures – la reconnaissance de l’importance d’octroyer des fonds publics pour l’adaptation et de la nécessité de faire face aux dégâts inévitables du climat—, mais les pays industrialisés ne réduiront pas leurs émissions de façon suffisante à limiter le réchauffement. En conséquence, les aléas climatiques vont continuer de s’amplifier et il y aura toujours plus de victimes du climat. Pour les coupoles d’ONG Nord-Sud, Doha a manqué l’opportunité d’une réelle Justice Climatique !

« Inondations, sécheresses, ouragans,… Même avec le passage meurtrier de Bophal aux Philippines pendant la conférence, Doha est restée sourde aux réalités de milliards de personnes vulnérables face aux caprices du climat» déplore Véronique Rigot. Chaque année, 300.000 personnes meurent des conséquences des changements climatiques.

Tandis que Sing for The Climate a été un immense succès à Doha, nos politiques belges ne se sont pas illustrés sur la question des financements climat. « La Belgique devra y remédier en 2013. Nous l’encourageons également à jouer un rôle proactif dans le débat international sur l’équité et les responsabilités différenciées, condition sine qua non d’un accord international, équitable, ambitieux et contraignant en 2015 » précisent les coupoles des ONG Nord-Sud et Oxfam depuis Doha.

Autres communiqués

 Communiqué d’Oxfam Solidarité: “Doha : des résultats aussi secs que le désert du Qatar !

 Carte blanche de Véronique Rigot (CNCD) dans La Libre du 11 décembre 2012: “Climat: il faudra attendre”.