La Stratégie Wallonne de Développement Durable a été soumise à l’analyse d’un panel de citoyens qui ont présenté leur vision, le 27 avril 2014 au Parlement Wallon, à des représentants des entreprises, des classes moyennes, des syndicats et des associations. Associations 21, le Conseil de la Jeunesse et IEW étaient au rendez-vous.


La vision citoyenne de la transition vers une société durable à l’horizon 2050, a été confrontée à l’avis de ces différentes parties prenantes. Celles-ci ont ensuite présenté leur vision d’un développement socio-économique durable à l’horizon 2050. Cet échange a permis aux panélistes de récolter des informations pour finaliser leur position et définir des pistes d’actions à l’adresse du gouvernement Wallon.

Ces pistes d’action visent 5 thématiques: les modes de consommation et de production; les modes de vie; les enjeux sociaux et l’accessibilité au bien commun; la santé et le bien être; et enfin, l’éducation et de la culture.

Modes de consommation et de production

Les citoyens sont conscients qu’à long terme, il faudra s’habituer à produire et consommer moins de biens pour respecter le seuil de soutenabilité de la planète. De plus, les ressources se raréfiant, l’enjeu de leur répartition sera crucial. Sur cette question, Associations 21 a dénoncé l’accaparement des richesses par une minorité et les inégalités qui s’accroissent. C’est pourquoi, plutôt que de parler de « lutte contre la pauvreté », pour éviter de stigmatiser les pauvres, nous préférons parler du refus de la misère et dénoncer les mécanismes d’exploitation à l’oeuvre dans la société.

Les citoyens ont aussi soulevé l’importance de la régulation financière. A ce sujet, nous avons évoqué la finance responsable et solidaire qui offre aux épargnants tout comme aux consommateurs les plus démunis diverses pistes d’action concrètes. Nous avons aussi pointé qu’actuellement les initiatives de transition se multiplient; les membres d’Associations 21 explorent actuellement avec grand intérêt ces dynamiques collectives et se penchent également sur les changements nécessaires dans les modes de distribution, le modèle « shopping mall » ayant clairement montré ses impacts négatifs sur les centres urbains comme sur les petits commerces.

Il fut également question des indicateurs complémentaires au PIB et de remettre en cause le principe de la croissance, ce qui a suscité des réactions en sens divers de la part des parties prenantes! On en retiendra qu’il faut distinguer de quelle croissance on parle (celle du PIB ou de notre bien-être?) et qu’on peut adopter d’autres notions comme celle de la prospérité ou de l’autonomisation.

Modes de vie

Sur le stress du quotidien qui nécessite l’adoption d’autres modes de vie, nous avons fait référence aux travaux du sociologue Allemand Hartmut Rosa, déjà cité dans notre publication Regards croisés sur le développement durable (p. 7), début 2011. Hartmut Rosa a publié divers ouvrages sur l’accélération de nos rythmes de vie et développe depuis quelques années une critique sociale du temps. Il se trouve qu’il donnait une conférence le 27 avril après-midi à Bruxelles. Nous y étions également et publierons prochainement un compte-rendu de celle-ci.

Enjeux sociaux et accessibilité au bien commun

Les citoyens panélistes ont présenté leur vision d’une gestion des biens communs, qui implique une prise de responsabilité par les citoyens dans la gestion de communs tels que l’air, l’eau ou la culture. Les membres d’Associations 21 souscrivent bien volontiers à cette vision mais mettent également les citoyens en garde: il faut également maintenir des services publics forts et barrer la route aux mécanismes de marchandisation et de privatisation des biens communs. Ainsi, le projet de partenariat transatlantique qui menace toutes les normes sociales et environnementales européennes, et présente un grand danger pour nos institutions démocratiques. En effet, si des entreprises multinationales peuvent poursuivre les Etats devant des tribunaux privés, ceux-ci n’oseront plus prendre la moindre initiative de régulation. On sera alors bien loin des biens communs!

Santé et bien-être

En matière de santé également, les associations insistent sur l’importance de maintenir le système des soins de santé public et mutualisé, et son accessibilité pour les plus démunis. Mais il est clair qu’il ne suffit pas de guérir, mieux vaut prévenir. C’est pourquoi nous sommes également favorables à la régulation de la publicité, à un plan de sortie des pesticides, et à toute mesure permettant d’améliorer la qualité de l’air. Sans parler des problèmes de santé mentale et de dépressions qui affectent un nombre croissant de personnes exclues ou fragilisées par le modèle hyper-compétitif de notre société.

Culture et enseignement

Tout le monde trouve l’éducation importante. Evidemment, la question du financement de l’enseignement et de la culture est incontournable. Mais ne négligeons pas pour autant l’apprentissage tout au long de la vie, car celle-ci s’allonge! Dans ce contexte, rappelons l’importance de l’exemple concret (celui des parents, des éducateurs, mais aussi celui des pouvoirs publics et des entreprises citoyennes!) qui est autrement plus déterminant que la seule sensibilisation, et aussi la force du collectif, l’école comme liant social salvateur à l’heure où l’on vit de plus en plus derrière des écrans. C’est pourquoi, nous conclurons ce compte-rendu subjectif par une invitation à visiter le site web du groupe de travail Tous dehors découvert par l’entremise du Réseau Idée