Bien des initiatives se développent à Bruxelles en faveur de l’alimentation durable et du commerce équitable local. Mais entre ces initiatives et les luttes sociales pour plus de régulation, le lien n’est pas toujours clair. Tout de même, ONG et organisations paysannes ont appris, ces dernières années, à collaborer. Autres questions en débat: le prix juste, l’approvisionnement, les publics précarisés…


Lien avec les luttes sociales: Raf Verbeke est étonné par la richesse des initiatives à Bruxelles! Cela dit, le le 26 novembre 2012, on était trop peu nombreux de la société civile à la manifestation des producteurs de lait à Bruxelles. Or la politique européenne les concernant est désastreuse!

  • Réponse de Corentin Dayez: Oxfam était à cette mobilisation. La prise de conscience et les manifestations de solidarité entre ONG et producteurs se multiplient.
  • Erwin Schopges: jusqu’il y a 3, 4 ans, on nous a élevés dans un esprit de combat entre agriculteurs et ONG. On commence à travailler ensemble, ça prend du temps, la confiance se construit.

Questions à Erwin Schopges:

  • Tous les producteurs peuvent devenir membres de Fairebel et profiter d’un prix équitable. Ont-ils d’autres avantages? Réponse: le cahier des charges est celui de l’European Milk Board sur l’agriculture durable. À l’avenir Fairebel aura son propre cahier de charge, notamment pour bannir les OGM. Dans un premier temps, la volonté était de laisser entrer tout le monde, vu les difficultés des éleveurs. D’abord il faut savoir marcher, ensuite on va voir comment courir…
  • Comment se procurer les produits Fairebel sans aller dans les grandes surfaces et si on n’est plus à l’école? Réponse: le lait se vend surtout en grandes surfaces mais on livre aussi dans des petits magasins, des boutiques à la ferme et on est prêts à travailler avec d’autres. La glace au lait entier est faite avec du lait bio.

Sur la question du prix équitable et juste: on tourne autour! Un salaire juste pour l’agriculteur devrait correspondre au revenu horaire du consommateur. Le représentant de l’asbl Minuto présente ce nouveau moyen de paiement qui est une monnaie complémentaire. But: créer un réseau d’acteurs, nous pouvons tous rejoindre cette initiative.

  • Réponse de Mieke Lateir: pour Biodia, on s’est basés sur un salaire moyen des agriculteurs qui travaillent beaucoup d’heures… D’un secteur à l’autre, cela varie, il y a des prises de risques. En tout cas, il faut en rediscuter régulièrement.
  • Témoignage de Jean-Pierre Wilmotte, membre fondateur d’une AMAP à Louvain-la-Neuve: on y a beaucoup discuté du prix équitable. La Minuto, pourquoi pas mais là on s’est mis directement d’accord avec le maraîcher. Cet accord n’est pas généralisable dans des principes clés en main pour tout le monde mais ce contact direct est important; or c’est rarement le cas semble-t-il.

Sur les difficultés d’approvisionnement:

  • Présentation du Comptoir Coopératif, projet qui se met en place à Forest: pour le pôle alimentation, on constate des difficultés d’approvisionnement, notamment pour le pain: c’est difficile de trouver des petits boulangers artisanaux, ceux qui existent encore sont complètement débordés. On ne veut pas des grosses boulangeries industrielles qui, elles, sont prêtes à nous livrer…
  • Un collaborateur de Nos Pilifs: cette entreprise de travail adapté nourrit un millier de familles bruxelloises chaque semaine avec des paniers bio. Il y a aussi une offre élargie sur un site d’achat. Pour la boulangerie, ils sont également disposés à livrer dans tout Bruxelles. D’expérience, pour les fruits et légumes, le circuit court n’est pas trop compliqué à mettre en oeuvre. Pour les autres produits, c’est moins évident: il faut que cela soit à la fois attractif pour le producteur (il lui faut du volume) et les consommateurs. Là il est encore souvent nécessaire de passer par des intermédiaires.
  • Sébastien Kennes: les difficultés d’approvisionnement se font clairement sentir dans l’horeca. Bruxelles Environnement y travaille aussi. Il n’y aura pas de transition si on ne le fait pas vraiment tous ensemble.
  • Jo Huygh: chez Abattoir il y a une chaîne presque complète pour la viande, on y ajoute le potager et on veut favoriser les interactions entre les différentes chaînes + valoriser les déchets des uns qui deviennent des ressources pour d’autres. A long terme cela aura un impact sur le prix. Pourquoi ne pas faire sur place un système plus collectif pour les GASAP?
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Question des publics fragilisés: jusqu’à quel point l’alimentation durable peut être accessible à tous?

  • Réponse d’Anaïs Le Troadec: les GASAP ont entamé une réflexion sur la question des publics fragilisés, qui a abouti au projet porté par Rencontre des Continents. Sur la question du prix juste: dans les GASAP aussi on discute avec les producteurs, avec des initiatives & des réalités différentes selon les groupes.
  • Sébastien Kennes: qui précarise ces publics? Les gens savent très bien ce qu’ils achètent quand ils vont chez les hard discounters. En tout cas, le secteur de la santé est partenaire. Il importe de fournir des réponses collectives, et diverses: pour atteindre une masse critique en mettant tout bout à bout.
  • Brigitte Grisar: l’approvisionnement reste un problème tout le temps. Et en alimentation durable c’est encore plus compliqué, mais des convergences commencent à se faire. Ainsi, Bioforum veut leur transmettre les invendus bio, via des acteurs disséminés dans les quartiers. C’est bien de faire des rencontres dans cette perspective, mais ça prend du temps d’apprendre à travailler ensemble. Et reste toujours la question du prix juste pour tout le monde: les plus pauvres n’ont pas accès aux produits issus du commerce équitable local. En cause, le manque de revenus: 37,2% des ménages bruxellois n’arrivent pas à joindre les deux bouts.
  • Erwin Schopges est en colère quand il entend qu’1€ c’est trop cher pour 1 litre de lait… Le problème, c’est l’accaparement, notamment des terres agricoles par les multinationales et les financiers, notamment en Belgique.

Conclusions et suites:

  • Rob Renaerts: dans « durable » il y a plein d’aspects, certaines choses simples en pratique. Lien avec le salaire: oui mais attention aux amalgames par exemple entre bio et durable.
  • Antoinette Brouyaux rappelle des dates de débat importantes:

    — 4/5: symposium MAP/Fugea sur les questions de contrôle des normes et de qualité

    — 13/5: RV du CNCD sur la transition vers l’agroécologie

    — 28/5: 2ème procès des OGM
    ==> appel à tous pour que ces activités s’articulent au mieux (qu’on tienne compte des conclusions des débats des uns et des autres) pour avancer ensemble et non refaire ce que d’autres ont fait…