Pas encore de protocole mais on progresse quand même…

Lors du forum sur la transition organisé par le CNCD ce 17 mai 2011, Nadine Gouzée a relaté brièvement les trois nuits blanches qui se sont succédées à la 19ème réunion annuelle de la Commission for Sustainable Development qui s’est tenue à New-York en mai 2011 (CSD19), pour essayer d’instaurer un accord sur les modes de consommation et de production durable.

Il y a eu de grandes avancées pour aboutir à une 1ère plate-forme, un embryon de protocole comme celui de Kyoto pour le climat. C’était écrit et « agreable » (dans le sens que cela pouvait être agréé).

La dernière nuit, les pays arabes ont glissé un paragraphe sur les droits des populations dans les territoires occupés, les USA ont dit non, et l’accord a échoué. On devine qu’il y avait d’autres raisons de bloquer cet accord. On espère surtout que le texte débattu ne sera pas relégué aux oubliettes !

Il reste difficile de promouvoir la pensée systémique dans les milieux politiques. Pourtant les exemples foisonnent. Ainsi, les départements environnement des pays en développement sont contents de se sentir soutenus alors qu’ils sont toujours bloqués par les impératifs de croissance.

N’oublions pas qu’aux trois piliers du développement durable (social, environnement, économie) il faut ajouter une 4ème composante : la décision politique/institutionnelle. Et que l’intégration du DD doit être multi-niveaux: à tous les niveaux de pouvoir mais aussi dans tous les secteurs. Or on le pousse toujours vers l’environnement.

La Belgique s’est battue pour la dimension sociale du DD aussi au nord, en vue de protéger les droits des travailleurs et la transition juste qui respecte les conventions OIT.

Cette notion de transition juste a même fait l’objet de débats à la CSD19 jusqu’à la dernière minute. Les pays du nord l’ont acceptée mais en dernier recours, les pays en développement s’y sont opposés. Tout de même on progresse dans la prise en considération de l’exigence du travail décent. Il faut aussi s’entendre sur les mots : les acteurs du développement durable parlent d’intégration, ceux de la coopération au développement parlent de cohérence.

L’important, in fine, c’est d’aboutir à un protocole: pour avoir des objectifs concrets et contraignants, et des indicateurs de mesure des progrès réalisés.

Enfin, sachons que le Tea Party aux USA dénonce les initiatives menées dans le cadre des agendas 21 locaux en accusant le développement durable d’être le paravent des nouveaux communistes! On ne va pas leur demander ce qu’ils pensent de la décroissance…

Donner un contenu à Rio + 20

Toutes ces questions vont revenir sur la table de Rio+20 dont les objectifs sont d’assurer un renouvellement des engagements politiques sur le développement durable; de permettre des progrès aux plus hauts niveaux dans la mise en oeuvre du DD; et d’aborder les défis nouveaux et émergents.

Les thèmes retenus étant l’économie verte dans le contexte du DD et de l’éradication de la pauvreté, et la gouvernance du développement durable. On démarre donc avec l’enjeu économique en exergue, mais cela n’empêche pas que l’on travaille à mieux intégrer les trois piliers.
Forum transition du CNCD 17 mai 2011
Et surtout, comme le soulignait Carlos Torres, activiste Chilien invité au forum du CNCD sur la transition, Rio+20 est peut-être, qui sait, la dernière occasion pour que les mouvements sociaux se fédèrent en vue de proposer une alternative concertée au néo-libéralisme.

Les alternatives émergent de partout, les initiatives foisonnent, mais il leur manque, déplore Francine Mestrum de l’ULB, un cadre global assurant leur visibilité comme têtes de pont de la transition juste. Ce ne sera pas facile, certes, il s’agit de former une « unité complexe ». N’attendons en tout cas pas 20 années supplémentaires pour le faire…